[Aquarelle] Quel plaisir !
Publié : ven. 9 août 2013 17:58
Bonjour, je m'appelle Aquarelle et j'ai drôlement envie de discuter avec vous !
Je n'en reviens pas de la richesse de ce site. Je découvre progressivement, depuis peu à vrai dire, mais me voilà très intéressée par ce que j'y trouve.
J'ai retrouvé récemment les joies aquatiques (bientôt 4 mois) et je suis encore surprise de tout ce que j'y ressens, découvre, apprend, et aime !
Vous pouvez vous suffire de ces quelques lignes qui m'introduisent sur le forum. La suite est très longue, à vous de voir ! (Et si vous avez l'impression de perdre du temps, vous pouvez en profiter pour assouplir l'articulation de vos chevilles en me lisant )
Pour la petite histoire, ça faisait bien cinq ans que je n'avais plus mis un pied dans l'eau. Et ça faisait environ dix ou douze ans (voire plus?) que je n'avais plus nagé.
Parce que je suis plus-que-ronde et que j'étais drôlement complexée.
Enfant, j'adorais cela. Je n'ai jamais pratiqué en club ni eu la moindre idée de toute la technicité qui entoure cette discipline, pour moi, ça n'a toujours été qu'un intense plaisir sensoriel. Ça l'est encore, d'autant plus que je découvre également que la technique correspond maintenant pour moi à la découverte de nouvelles sensations, alors que jusque là je pensais que c'était réservé à ceux qui cherchaient la performance.
Il y a cinq ans, j'étais retournée à la piscine en rassemblant tout mon courage, mais suite à une mésaventure éprouvante pour la petite-chose-tremblante-que-j'étais-en-maillot, je me suis tristement cantonnée au mini bassin avec la contrainte de ne pas nager.
Et puis, j'ai connu ce que les régimes et restrictions créent, un rebond de poids très important qui a fini d'achever le peu de confiance en moi et d'aisance dans mon corps. Re-adieu la piscine.
Cinq ans plus tard, des dizaines de kilos en plus, j'ai pas mal évolué mais je continue d'agir en fonction de la honte que j'éprouve pour mon corps. Jusqu'à ce que j'en vienne à une autre façon d'appréhender ma vie, la relation à la nourriture et mon corps. Je refuse d'attendre d'être une autre, une-mieux-que-moi pour vivre. Je pars à la recherche d'un maillot grande taille, vaste épopée (je créerai peut-être un sujet là-dessus pour avoir des conseils – même si peu d'entre vous à mon avis sont concerné(e)s, il y a peut-être quelqu'un comme moi qui cherche laborieusement, qui sait? Natation pour tous n'est peut-être pas le credo de toutes les enseignes d'équipement sportif ?).
Pour ne pas revivre ma mésaventure de la dernière fois dans le bassin sportif, j'avais besoin de m'assurer de la qualité de mon maillot (trouvé non sans mal) avant de me lancer à la piscine publique.
Pour le tester, je rassemble encore une fois tout mon courage et me plonge dans une piscine privée, extérieure, sale, en avril, dans une eau à 14 degrés. Quel choc ! J'y vais extrêmement progressivement mais malgré tout, ma respiration s'affole comme jamais, mon corps me brûle de froid. Je n'avais jamais vécu ça. Je me lance, je me propulse du bord et je fais la longueur. J'oscille entre la jouissance de la sensation d'être dans l'eau et la violence d'être à une telle température. Mon corps n'est absolument pas habitué.
Je m'y habitue et reprend très très vite goût à la liberté de mouvement que je ressens dans l'eau. Je reste environ une demie heure et je nage, je nage, enfin, j'essaie car j'ai l'impression que ça n'a plus rien de naturel pour mon corps et que ça m'épuise. Mais je dois vérifier la résistance du maillot.
Je suis rassurée.
Je me sens désagréablement sale, mais rassurée.
Ce bain glacial a signé le début d'une aventure chouette pour moi.
Ces retrouvailles des sensations aquatiques et la privation pendant des années d'un tel plaisir ont du me faire un effet "alerte pénuerie", et la peur de ne plus revivre cela m'a poussé à me lancer dès le surlendemain dans la piscine à proximité de chez moi (publique, couverte, chaude et « propre »). Et puis c'est allé très vite. J'ai eu besoin de retourner à la piscine le plus souvent possible, je sortais toujours à regrets de l'eau et attendait toute la journée de revivre ça. C'est comme si ayant redécouvert cette incroyable sensation d'être dans l'eau avait ravivé des circuits dans mon cerveau et que mon corps me criait "plus jamais tu ne m'en prives!".
Mon rythme de vie était soutenu et bien calé, je me couchais très tôt pour me lever très tôt. Dès lors, avec la piscine, je ne me couchais pas avant minuit et me levais à la même heure. L'épuisement s'est fait sentir.
J'étais persuadée que ça allait se calmer, que je ne ressentirais pas l'envie de me baigner tous les jours pendant plus d'une semaine, le temps que je me rassure sur le fait que oui, ça y est maintenant Aquarelle, tu as le droit toi aussi, d'être dans l'eau. En fait, ça s'est calmé, c'est devenu moins frénétique. J'étais extrêmement fatiguée. Mais progressivement, je m'y suis habituée. J'ai aussi pu, au bout d'un certain temps, quitter le bassin avant la fermeture, voire ne pas y aller parfois. Mais depuis lors, j'y suis 6 à 7 fois par semaine, parfois plus quand j'y vais le matin et le soir comme en ce moment car je suis en vacances.
J'imagine que ça peut facilement être des « coups d'éclairs » de passion qui s'arrêtent aussi vite que ce qu'ils débutent.
Je reste convaincue que je n'aurai pas ce rythme très longtemps, mais je m'en fiche, je n'ai pas cherché à avoir ce rythme, je ne m'étais absolument pas fixée de rythme tant c'était une révolution surprenante pour moi d'y aller ne serait-ce qu'une fois.
Je ne cherche pas à le maintenir non plus. Si j'ai la flemme, si je suis fatiguée, si j'ai mal ou que je veux faire autre chose, je n'y vais pas. La peur du manque se fait parfois un peu sentir, mais je suis sûre qu'avec le temps ce sera plus souple, moins fréquent, et compatible avec le quotidien. Pour l'instant, j'essaie de faire en fonction de mes sensations, de mon plaisir, et ça me porte bien.
Je ne suis pas une « vraie nageuse ». Mais je fais confiance au nom du forum en espérant que l'on pourra discuter ensemble !
Je ne cherche pas spécifiquement la performance, je n'enchaîne pas les kilomètres, ou du moins, je n'en sais rien, je ne compte pas mes longueurs. Au début je le faisais car je voulais me représenter mon niveau d'endurance et que j'avais l'habitude de noter les kilomètres parcourus en randonnée pour savoir quand est-ce que j'aurais le niveau de m'inscrire dans un club ou de participer à des randonnées en groupe. Mon obésité m'a fait perdre énormément de mobilité à une époque pas si lointaine et j'ai connu de vives douleurs. Les retrouvailles avec un corps en mouvement sans douleur, et dans le plaisir, ont été longues mais cruciales. Ça a commencé par la marche. Du coup, je suis très vigilante à ne pas pousser mon corps, je sais qu'il est déjà bien abîmé et je suis sensiblement consciente de ses limites. J'essaie de vivre avec le plus en douceur possible et d'en prendre soin. Ça joue beaucoup sur mon rapport à la « natation ». Ça me fait d'ailleurs drôle d'employer ce mot tant il m'a longtemps paru réservé à « la cour des grands » ou plutôt, aux « sportifs ».
Toujours est-il que j'ai vite arrêté de compter mes longueurs, je n'arrivais pas à suivre les chiffres et trouvais ça ennuyeux. Ça finissait par se transformer en une sorte d'objectif minimum et par user mon élan. Peut-être y reviendrais-je si j'en éprouve l'envie ou pour mieux apprendre à un moment donné ?
C'est une question que je me posais d'ailleurs. Vous avez l'air de vous y référer souvent sur le forum. Ça vous sert de repère dans vos apprentissages?
Je suis simplement vigilante à l'horloge murale pour aller boire toutes les heures, car dans l'eau, je ne ressens pas vraiment la soif.
Ici, je lis des débutants comme des nageurs avertis et je trouve ça passionnant, alors j'ai eu envie de discuter avec vous, de participer au forum, mais je me suis dit que ça commençait par une présentation.
J'éprouve un grand plaisir à être dans l'eau et à m'y mouvoir. Depuis 4 mois, je ne cesse de m'étonner de cela et de la diversité des sensations que je découvre, et encore plus surprenant pour moi, de l'intérêt plus large que je me mets à éprouver pour cette discipline.
Ce qui m'impressionne, c'est que chaque découverte de sensation (autant en train de nager qu'en m'amusant dans l'eau, en barbotant, dans les bassins « ludiques ») en appelle d'autres et stimule toujours mon envie et mon intérêt. Je n'en reviens pas de suivre un forum de natation, de m'être mise à regarder des vidéos, d'avoir emprunté des bouquins sur un sport à la bibliothèque universitaire STAPS et le comble, à avoir suivi pour la première fois de ma vie, des championnats !
C'est une sacrée expérience pour moi. Je (re)découvre mon corps dans le mouvement, dans l'attention que j'essaie de porter à la façon dont tel mouvement agit sur l'eau ou comment l'eau (ré)agit autour de mon corps. C'est passionnant ! J'ai eu une vraie révélation avec la brasse parce que ça a été un long processus d'attention et de perception de mon corps dans l'eau. Je me suis sentie bien seule là-dedans, mais ça m'a permis je pense de ressentir des choses que j'ignorais avant.
Au tout début, il m'a fallu beaucoup de temps et de courage pour m'aventurer au bassin sportif. Je ne pouvais pas faire plus de 4 longueurs (25m) malgré une grande récupération entre chaque.
J'ai beaucoup observé les autres nageurs, seulement je restais bien sagement (trop apeurée à l'idée de gêner ...) dans le premier couloir, fréquenté généralement par les nageurs occasionnels, et j'observais une grande diversité de pratiques. Tête hors de l'eau, sous l'eau, jambes dissymétriques, jambes coordonnées, très écartées, peu écartées, bref, je ne savais pas trop. J'ai fini par regarder deux vidéos que je n'ai compris que bien après coup en fait. Mais j'ai essayé, jour après jour, de refaire de mémoire (vive les neurones miroirs) les mouvements indiqués. J'ai développé une brasse de mammouth, je n'arrivais pas à coordonner ma respiration comme « il fallait », je faisais deux brasses sous l'eau pour une respiration hors de l'eau, du coup j'étais épuisée à la fin, j'allais vite mais de façon « bourrine » inutilement. C'était déjà mieux que ce que je faisais avant, j'avais moins mal au cou et j'avais trouvé un rythme, mais c'était clairement pas encore ça. Je sentais que quelque chose clochait mais seule, ce n'est pas évident de comprendre ce qu'il se passe quand on n'y connaît rien et qu'on réapprend à sentir son corps dans un environnement qui a perdu toute familiarité. Une fois, j'ai observé un nageur de brasse qui semble-t-il savait nager, et c'était très beau à voir. Il glissait dans l'eau, à la fois avec puissance et simplicité. Et puis un jour, en pleine longueur et sans l'avoir prévu, je me suis mise à faire une respiration par mouvement, ça m'a aidé à trouver un rythme plus intéressant que celui d'avant, et avec le temps, j'ai de mieux en mieux senti le mouvement de mes jambes. C'est presque après tout cela que j'ai compris les vidéos que j'avais vu !
C'est un vrai plaisir pour moi de nager la brasse, parce que j'adore être sous l'eau et de sentir ce moment où je me propulse, comme si je glissais sous la surface et que le temps s'arrêtait un instant.
C'est une nage lente, ou du moins je ne la pratique pas de façon toujours soutenue, mais je trouve qu'elle permet vraiment une attention aux sensations qu'on ressent.
Tout cela s'est fait sur des dizaines et des dizaines de séances quotidiennes. J'ai ensuite osé interpeller un maître-nageur car j'avais envie de mieux comprendre et j'étais soucieuse de ne pas faire de faux mouvements (avec le souci de ne pas créer de douleurs).
Ça n'a pas été naturel pour moi toutes ces fois pour aller à la piscine, nager parmi les autres, oser m'entraîner à des mouvements mettant en jeu mon corps comme je ne l'avais jamais fait, interpeller un professionnel, alors que j'avais l'impression qu'avec un corps très obèse je ne me sentais pas à ma place dans ce genre de situations. En fait, ce n'était pas tant le regard des autres sur moi, mais la honte que j'éprouvais face à mon corps, c'était seulement mon propre regard. Celui des autres... ça les regarde... Je m'en détache de plus en plus grâce à l'eau. Le plaisir et les sensations priment, même s'il faut du temps et que des choses simples sont parfois un défi.
Je me suis lancée à l'apprentissage du crawl, en ne pas sachant si j'oserais sortir mes bras de l'eau... Heureusement, les professionnels encadrants à la piscine que je fréquente sont vraiment bien, et avec les cinq cours que j'ai pris j'ai pu affronter des situations qui me faisaient peur, des exercices où je pensais que ma faible endurance, musculature, capacité respiratoire et mon poids très lourd seraient un frein radical. C'est difficile de tolérer la difficulté, le sentiment d'échec, mais ça aide à progresser. Je trouve ça dur, long, et ça m'a donné de nombreuses fois le sentiment que mon narcissisme avait coulé tout au fond du bassin tellement je me sentais nulle et comme un bison dans l'eau, mais après, j'ai vu que l'air de rien, c'était petit à petit possible. Je parle pas de grandes performances évidemment, c'est relatif à mon expérience naissante dans l'eau. Donc toutes proportions gardées, c'est progressivement satisfaisant (voire réjouissant ! Des petites victoires pour moi), et je crois que le plaisir d'être dans l'eau soutient bien l'envie d'apprendre même quand c'est rude.
Donc ces derniers mois, j'ai découvert plein de choses et surtout j'ai vu l'étendue des choses qui me restent à apprendre ! Et j'aime bien cette idée.
En ce moment, comme j'ai du temps libre, je passe beaucoup de temps dans l'eau et j'en profite pour nager et pour m'amuser ensuite dans le petit bassin. Jeune, j'adorais déjà cela, et j'aime continuer de faire de la piscine un terrain de jeu.
Dans les longueurs que je fais, je varie beaucoup, j'aime nager et j'apprécie aussi de faire des exercices différents avec la planche et/ou les palmes. En ce moment, j'essaie de me concentrer en particulier sur ma respiration en trois temps sur le crawl et sur le battement des jambes qui me fait bien souffrir !
Je me récupère toujours avec plaisir avec la brasse. J'aime bien aussi le dos avec les palmes, c'est doux et vif à la fois.
Je voue une secrète admiration à tous les nageurs que j'observe et qui font un crawl doux mais efficace. Ça me rappelle quand je passais mon permis et que j'admirais tous les automobilistes en me disant « mais comment ont fait tous ces gens pour apprendre à conduire?! »
Mais je n'en reviens pas déjà de pouvoir m'y initier.
Je vous jure, il y a quelques mois encore, on m'aurait proposé la piscine j'aurais ressenti de la tristesse et j'aurais décliné car je me serais sentie incapable de me mettre en maillot où que ce soit.
Maintenant, la piscine est devenue très familière et j'aime ce sentiment naturel d'être dans mon élément, de m'y sentir bien et libre de vivre de chouettes expérimentations aquatico-corporelles.
Merci d'avoir pris le temps de me lire, c'était long, mais j'avais envie de partager tout cela et j'espère que je trouverais une petite place parmi vous pour discuter, poser mes questions, et vous raconter mes aventures aquarellistiques. Je ne sais pas si ça peut servir à d'autres vu mon petit niveau, ça, seuls les lecteurs hypothétiques pourront le dire ! Mais vu la qualité de ce site, je suis sûre en tout cas que ça me profitera et m'aidera à découvrir de nouvelles choses.
A bientôt !
Je n'en reviens pas de la richesse de ce site. Je découvre progressivement, depuis peu à vrai dire, mais me voilà très intéressée par ce que j'y trouve.
J'ai retrouvé récemment les joies aquatiques (bientôt 4 mois) et je suis encore surprise de tout ce que j'y ressens, découvre, apprend, et aime !
Vous pouvez vous suffire de ces quelques lignes qui m'introduisent sur le forum. La suite est très longue, à vous de voir ! (Et si vous avez l'impression de perdre du temps, vous pouvez en profiter pour assouplir l'articulation de vos chevilles en me lisant )
Pour la petite histoire, ça faisait bien cinq ans que je n'avais plus mis un pied dans l'eau. Et ça faisait environ dix ou douze ans (voire plus?) que je n'avais plus nagé.
Parce que je suis plus-que-ronde et que j'étais drôlement complexée.
Enfant, j'adorais cela. Je n'ai jamais pratiqué en club ni eu la moindre idée de toute la technicité qui entoure cette discipline, pour moi, ça n'a toujours été qu'un intense plaisir sensoriel. Ça l'est encore, d'autant plus que je découvre également que la technique correspond maintenant pour moi à la découverte de nouvelles sensations, alors que jusque là je pensais que c'était réservé à ceux qui cherchaient la performance.
Il y a cinq ans, j'étais retournée à la piscine en rassemblant tout mon courage, mais suite à une mésaventure éprouvante pour la petite-chose-tremblante-que-j'étais-en-maillot, je me suis tristement cantonnée au mini bassin avec la contrainte de ne pas nager.
Et puis, j'ai connu ce que les régimes et restrictions créent, un rebond de poids très important qui a fini d'achever le peu de confiance en moi et d'aisance dans mon corps. Re-adieu la piscine.
Cinq ans plus tard, des dizaines de kilos en plus, j'ai pas mal évolué mais je continue d'agir en fonction de la honte que j'éprouve pour mon corps. Jusqu'à ce que j'en vienne à une autre façon d'appréhender ma vie, la relation à la nourriture et mon corps. Je refuse d'attendre d'être une autre, une-mieux-que-moi pour vivre. Je pars à la recherche d'un maillot grande taille, vaste épopée (je créerai peut-être un sujet là-dessus pour avoir des conseils – même si peu d'entre vous à mon avis sont concerné(e)s, il y a peut-être quelqu'un comme moi qui cherche laborieusement, qui sait? Natation pour tous n'est peut-être pas le credo de toutes les enseignes d'équipement sportif ?).
Pour ne pas revivre ma mésaventure de la dernière fois dans le bassin sportif, j'avais besoin de m'assurer de la qualité de mon maillot (trouvé non sans mal) avant de me lancer à la piscine publique.
Pour le tester, je rassemble encore une fois tout mon courage et me plonge dans une piscine privée, extérieure, sale, en avril, dans une eau à 14 degrés. Quel choc ! J'y vais extrêmement progressivement mais malgré tout, ma respiration s'affole comme jamais, mon corps me brûle de froid. Je n'avais jamais vécu ça. Je me lance, je me propulse du bord et je fais la longueur. J'oscille entre la jouissance de la sensation d'être dans l'eau et la violence d'être à une telle température. Mon corps n'est absolument pas habitué.
Je m'y habitue et reprend très très vite goût à la liberté de mouvement que je ressens dans l'eau. Je reste environ une demie heure et je nage, je nage, enfin, j'essaie car j'ai l'impression que ça n'a plus rien de naturel pour mon corps et que ça m'épuise. Mais je dois vérifier la résistance du maillot.
Je suis rassurée.
Je me sens désagréablement sale, mais rassurée.
Ce bain glacial a signé le début d'une aventure chouette pour moi.
Ces retrouvailles des sensations aquatiques et la privation pendant des années d'un tel plaisir ont du me faire un effet "alerte pénuerie", et la peur de ne plus revivre cela m'a poussé à me lancer dès le surlendemain dans la piscine à proximité de chez moi (publique, couverte, chaude et « propre »). Et puis c'est allé très vite. J'ai eu besoin de retourner à la piscine le plus souvent possible, je sortais toujours à regrets de l'eau et attendait toute la journée de revivre ça. C'est comme si ayant redécouvert cette incroyable sensation d'être dans l'eau avait ravivé des circuits dans mon cerveau et que mon corps me criait "plus jamais tu ne m'en prives!".
Mon rythme de vie était soutenu et bien calé, je me couchais très tôt pour me lever très tôt. Dès lors, avec la piscine, je ne me couchais pas avant minuit et me levais à la même heure. L'épuisement s'est fait sentir.
J'étais persuadée que ça allait se calmer, que je ne ressentirais pas l'envie de me baigner tous les jours pendant plus d'une semaine, le temps que je me rassure sur le fait que oui, ça y est maintenant Aquarelle, tu as le droit toi aussi, d'être dans l'eau. En fait, ça s'est calmé, c'est devenu moins frénétique. J'étais extrêmement fatiguée. Mais progressivement, je m'y suis habituée. J'ai aussi pu, au bout d'un certain temps, quitter le bassin avant la fermeture, voire ne pas y aller parfois. Mais depuis lors, j'y suis 6 à 7 fois par semaine, parfois plus quand j'y vais le matin et le soir comme en ce moment car je suis en vacances.
J'imagine que ça peut facilement être des « coups d'éclairs » de passion qui s'arrêtent aussi vite que ce qu'ils débutent.
Je reste convaincue que je n'aurai pas ce rythme très longtemps, mais je m'en fiche, je n'ai pas cherché à avoir ce rythme, je ne m'étais absolument pas fixée de rythme tant c'était une révolution surprenante pour moi d'y aller ne serait-ce qu'une fois.
Je ne cherche pas à le maintenir non plus. Si j'ai la flemme, si je suis fatiguée, si j'ai mal ou que je veux faire autre chose, je n'y vais pas. La peur du manque se fait parfois un peu sentir, mais je suis sûre qu'avec le temps ce sera plus souple, moins fréquent, et compatible avec le quotidien. Pour l'instant, j'essaie de faire en fonction de mes sensations, de mon plaisir, et ça me porte bien.
Je ne suis pas une « vraie nageuse ». Mais je fais confiance au nom du forum en espérant que l'on pourra discuter ensemble !
Je ne cherche pas spécifiquement la performance, je n'enchaîne pas les kilomètres, ou du moins, je n'en sais rien, je ne compte pas mes longueurs. Au début je le faisais car je voulais me représenter mon niveau d'endurance et que j'avais l'habitude de noter les kilomètres parcourus en randonnée pour savoir quand est-ce que j'aurais le niveau de m'inscrire dans un club ou de participer à des randonnées en groupe. Mon obésité m'a fait perdre énormément de mobilité à une époque pas si lointaine et j'ai connu de vives douleurs. Les retrouvailles avec un corps en mouvement sans douleur, et dans le plaisir, ont été longues mais cruciales. Ça a commencé par la marche. Du coup, je suis très vigilante à ne pas pousser mon corps, je sais qu'il est déjà bien abîmé et je suis sensiblement consciente de ses limites. J'essaie de vivre avec le plus en douceur possible et d'en prendre soin. Ça joue beaucoup sur mon rapport à la « natation ». Ça me fait d'ailleurs drôle d'employer ce mot tant il m'a longtemps paru réservé à « la cour des grands » ou plutôt, aux « sportifs ».
Toujours est-il que j'ai vite arrêté de compter mes longueurs, je n'arrivais pas à suivre les chiffres et trouvais ça ennuyeux. Ça finissait par se transformer en une sorte d'objectif minimum et par user mon élan. Peut-être y reviendrais-je si j'en éprouve l'envie ou pour mieux apprendre à un moment donné ?
C'est une question que je me posais d'ailleurs. Vous avez l'air de vous y référer souvent sur le forum. Ça vous sert de repère dans vos apprentissages?
Je suis simplement vigilante à l'horloge murale pour aller boire toutes les heures, car dans l'eau, je ne ressens pas vraiment la soif.
Ici, je lis des débutants comme des nageurs avertis et je trouve ça passionnant, alors j'ai eu envie de discuter avec vous, de participer au forum, mais je me suis dit que ça commençait par une présentation.
J'éprouve un grand plaisir à être dans l'eau et à m'y mouvoir. Depuis 4 mois, je ne cesse de m'étonner de cela et de la diversité des sensations que je découvre, et encore plus surprenant pour moi, de l'intérêt plus large que je me mets à éprouver pour cette discipline.
Ce qui m'impressionne, c'est que chaque découverte de sensation (autant en train de nager qu'en m'amusant dans l'eau, en barbotant, dans les bassins « ludiques ») en appelle d'autres et stimule toujours mon envie et mon intérêt. Je n'en reviens pas de suivre un forum de natation, de m'être mise à regarder des vidéos, d'avoir emprunté des bouquins sur un sport à la bibliothèque universitaire STAPS et le comble, à avoir suivi pour la première fois de ma vie, des championnats !
C'est une sacrée expérience pour moi. Je (re)découvre mon corps dans le mouvement, dans l'attention que j'essaie de porter à la façon dont tel mouvement agit sur l'eau ou comment l'eau (ré)agit autour de mon corps. C'est passionnant ! J'ai eu une vraie révélation avec la brasse parce que ça a été un long processus d'attention et de perception de mon corps dans l'eau. Je me suis sentie bien seule là-dedans, mais ça m'a permis je pense de ressentir des choses que j'ignorais avant.
Au tout début, il m'a fallu beaucoup de temps et de courage pour m'aventurer au bassin sportif. Je ne pouvais pas faire plus de 4 longueurs (25m) malgré une grande récupération entre chaque.
J'ai beaucoup observé les autres nageurs, seulement je restais bien sagement (trop apeurée à l'idée de gêner ...) dans le premier couloir, fréquenté généralement par les nageurs occasionnels, et j'observais une grande diversité de pratiques. Tête hors de l'eau, sous l'eau, jambes dissymétriques, jambes coordonnées, très écartées, peu écartées, bref, je ne savais pas trop. J'ai fini par regarder deux vidéos que je n'ai compris que bien après coup en fait. Mais j'ai essayé, jour après jour, de refaire de mémoire (vive les neurones miroirs) les mouvements indiqués. J'ai développé une brasse de mammouth, je n'arrivais pas à coordonner ma respiration comme « il fallait », je faisais deux brasses sous l'eau pour une respiration hors de l'eau, du coup j'étais épuisée à la fin, j'allais vite mais de façon « bourrine » inutilement. C'était déjà mieux que ce que je faisais avant, j'avais moins mal au cou et j'avais trouvé un rythme, mais c'était clairement pas encore ça. Je sentais que quelque chose clochait mais seule, ce n'est pas évident de comprendre ce qu'il se passe quand on n'y connaît rien et qu'on réapprend à sentir son corps dans un environnement qui a perdu toute familiarité. Une fois, j'ai observé un nageur de brasse qui semble-t-il savait nager, et c'était très beau à voir. Il glissait dans l'eau, à la fois avec puissance et simplicité. Et puis un jour, en pleine longueur et sans l'avoir prévu, je me suis mise à faire une respiration par mouvement, ça m'a aidé à trouver un rythme plus intéressant que celui d'avant, et avec le temps, j'ai de mieux en mieux senti le mouvement de mes jambes. C'est presque après tout cela que j'ai compris les vidéos que j'avais vu !
C'est un vrai plaisir pour moi de nager la brasse, parce que j'adore être sous l'eau et de sentir ce moment où je me propulse, comme si je glissais sous la surface et que le temps s'arrêtait un instant.
C'est une nage lente, ou du moins je ne la pratique pas de façon toujours soutenue, mais je trouve qu'elle permet vraiment une attention aux sensations qu'on ressent.
Tout cela s'est fait sur des dizaines et des dizaines de séances quotidiennes. J'ai ensuite osé interpeller un maître-nageur car j'avais envie de mieux comprendre et j'étais soucieuse de ne pas faire de faux mouvements (avec le souci de ne pas créer de douleurs).
Ça n'a pas été naturel pour moi toutes ces fois pour aller à la piscine, nager parmi les autres, oser m'entraîner à des mouvements mettant en jeu mon corps comme je ne l'avais jamais fait, interpeller un professionnel, alors que j'avais l'impression qu'avec un corps très obèse je ne me sentais pas à ma place dans ce genre de situations. En fait, ce n'était pas tant le regard des autres sur moi, mais la honte que j'éprouvais face à mon corps, c'était seulement mon propre regard. Celui des autres... ça les regarde... Je m'en détache de plus en plus grâce à l'eau. Le plaisir et les sensations priment, même s'il faut du temps et que des choses simples sont parfois un défi.
Je me suis lancée à l'apprentissage du crawl, en ne pas sachant si j'oserais sortir mes bras de l'eau... Heureusement, les professionnels encadrants à la piscine que je fréquente sont vraiment bien, et avec les cinq cours que j'ai pris j'ai pu affronter des situations qui me faisaient peur, des exercices où je pensais que ma faible endurance, musculature, capacité respiratoire et mon poids très lourd seraient un frein radical. C'est difficile de tolérer la difficulté, le sentiment d'échec, mais ça aide à progresser. Je trouve ça dur, long, et ça m'a donné de nombreuses fois le sentiment que mon narcissisme avait coulé tout au fond du bassin tellement je me sentais nulle et comme un bison dans l'eau, mais après, j'ai vu que l'air de rien, c'était petit à petit possible. Je parle pas de grandes performances évidemment, c'est relatif à mon expérience naissante dans l'eau. Donc toutes proportions gardées, c'est progressivement satisfaisant (voire réjouissant ! Des petites victoires pour moi), et je crois que le plaisir d'être dans l'eau soutient bien l'envie d'apprendre même quand c'est rude.
Donc ces derniers mois, j'ai découvert plein de choses et surtout j'ai vu l'étendue des choses qui me restent à apprendre ! Et j'aime bien cette idée.
En ce moment, comme j'ai du temps libre, je passe beaucoup de temps dans l'eau et j'en profite pour nager et pour m'amuser ensuite dans le petit bassin. Jeune, j'adorais déjà cela, et j'aime continuer de faire de la piscine un terrain de jeu.
Dans les longueurs que je fais, je varie beaucoup, j'aime nager et j'apprécie aussi de faire des exercices différents avec la planche et/ou les palmes. En ce moment, j'essaie de me concentrer en particulier sur ma respiration en trois temps sur le crawl et sur le battement des jambes qui me fait bien souffrir !
Je me récupère toujours avec plaisir avec la brasse. J'aime bien aussi le dos avec les palmes, c'est doux et vif à la fois.
Je voue une secrète admiration à tous les nageurs que j'observe et qui font un crawl doux mais efficace. Ça me rappelle quand je passais mon permis et que j'admirais tous les automobilistes en me disant « mais comment ont fait tous ces gens pour apprendre à conduire?! »
Mais je n'en reviens pas déjà de pouvoir m'y initier.
Je vous jure, il y a quelques mois encore, on m'aurait proposé la piscine j'aurais ressenti de la tristesse et j'aurais décliné car je me serais sentie incapable de me mettre en maillot où que ce soit.
Maintenant, la piscine est devenue très familière et j'aime ce sentiment naturel d'être dans mon élément, de m'y sentir bien et libre de vivre de chouettes expérimentations aquatico-corporelles.
Merci d'avoir pris le temps de me lire, c'était long, mais j'avais envie de partager tout cela et j'espère que je trouverais une petite place parmi vous pour discuter, poser mes questions, et vous raconter mes aventures aquarellistiques. Je ne sais pas si ça peut servir à d'autres vu mon petit niveau, ça, seuls les lecteurs hypothétiques pourront le dire ! Mais vu la qualité de ce site, je suis sûre en tout cas que ça me profitera et m'aidera à découvrir de nouvelles choses.
A bientôt !