En me promenant, en flânant tout doucement,
-j'envie les canards, poules d'eau, cygnes et autres plongeons-
en ce début décembre par trop déconcertant,
au détour d'un étang, sous un ciel bas et gris,
entre les boqueteaux d'arbres dénudés,
ne se contentant plus que d'un discret limbe doré,
laissé par quelque thalle encore accroché,
à pas de loup dans le soir descendant,
sur la rive toute en vase, je descend discrètement,
pour surprendre les canards qui voguent silencieusement,
se cachant entre peupliers et noisetiers.
en cet automne confiné, je me demandais où ils étaient passés,
mais en contrebas, je les ai surpris, sur les jonchées des feuilles,
allant du brun rouillé au plus éclatant des dorés.
En ce soir passif, ils étaient là, se dandinant pour retrouver
le lac d'Aubert, ne pouvant pas voler, gênés qu'ils étaient
par les branches basses, les arbrisseaux concurrents
et les gaulis jaloux, ils trouvent enfin, après maintes
escalades de rondins et de branches chues, la baille
salvatrice, leur domaine de tout temps, aujourd'hui comme jadis
les voyant, dans le silence d'un Wallace, glisser sans coup férir
sur l'eau triste et grise, en compagnie de leurs copines les poules d'eau,
je me prends à les envier, Ah, frères ansériformes, quel bol vous avez
vous mouiller vous pouvez, godiller, palmer, musarder, profiter du matin
calme comme de la tranquillité vespérale; vous pouvez plonger et vous
ébrouer... alors que l'autre bipède qui vous reluque du coin de l'œil
est privé de baignade par faute d'un énième hérisson microscopique
qui a clos ses bassin
Ah, point de grands lacs à moins de vingt kilomètres,
et l'eau n'étant pas potable, la baignade est interdite...
mais le Poète a attendu près de trente ans avant de renouer
avec H2O, il peut bien attendre quelques semaines, non