Message
par Ansault » mer. 2 sept. 2009 00:36
Le mec arrive, grand, bronzé, un corps d'athlète, zéro défaut, une belle bête quoi !
Evidemment il fait un effet boeuf, toutes et tous se retournent, éberlués devant la manifestation d'une telle perfection.
Sûr de lui, conscient de l'effet que produit sa venue aux abords du bassin, notre mec en représentation commence son show. Il se passe négligemment une main dans les cheveux avant d'enfiler son bonnet de silicone estampillé Arena avec une aisance confondante à rendre jalouses toutes les chignonées de l'assistance.
Des deux paumes il presse les coques de ses lunettes suédoises puis sans cérémonie il s'approche du plot de départ.
Debout, le regard à l'horizon, il commence par secouer ses bras, puis ses jambes et ses cuisses comme pour réveiller ses muscles qu'il semble préparer à un effort intense.
Il exhale bruyamment l'air de ses poumonns en deux trois souffles rauques puis se gifle violemment les omoplates en balançant ses bras aux muscles nonchalemment détendus, un peu comme un orang-otang qui tomberait subitement en joie devant la promesse d'une femelle à remplir.
Notre mec, fin prêt, se plie en deux, marque un temps d'arrêt, les doigts accrochés au bord du plot, puis, au son d'un coup de sifflet imaginaire, il s'élance et plonge.
Le spectacle est de toute beauté, le corps galbé, il fend l'eau sans une seule éclaboussure. C'est à peine si on l'entend pénétrer la surface de l'eau.
Sur les gradins, le public désoeuvré - constitué de mères accompagnant leur chérubin, de nageurs et de nageuses prenant quelque repos mérité après leur séance et d'enfants emmitouflés dans leur serviette - commence à se dresser pour mieux voir et apprécier la performance de notre athlète. Mêmes les maîtres nageurs affectés à la surveillance du bassin n'ont d'yeux plus que pour lui tellement tout à coup ils ont l'illusion d'assister à quelques finales de quelques championnats importants. Ils se prennent même à jeter un oeil sur l'aiguille du chronomètre pour jauger en professionnel de la performance dont ils sont les témoins.
Notre mec, pour l'heure, est en pleines ondulations sous-marines. On n'aperçoit que sa silhouette déformée par les paquets d'eau qu'il déplace de si élégante façon. Tous sont subjugués et sont persuadés que vraiment en cet instant se joue quelque événement dont la grâce et la poésie ont quelque chose qui touche au sublime.
Et voilà notre demi-Dieu qui de nouveau transperce la surface de l'eau. Mais cette fois tout est en fulgurance. C'est dans un bruit assourdissant qu'il déplace des montagnes de liquide. Tout autour de lui n'est plus que bouillonnement diabolique. C'est dans un crawl parfait qu'il avale sa longueur en un rien de temps. Il culbute, repart en ondulations, transperce à nouveau la surface de l'eau et repart en un nouveau crawl enragé...
En bout de parcours il vient toucher le bord du bassin avec détermination et se retourne prestement vers l'aiguille du Chronomètre... 48 secondes environ... pour 100m... Formidable performance pour un humain en slip !
Evidemment ça n'aura échappé à personne. Les maîtres nageurs sont estomaqués ! Ils ne se doutaient même pas qu'un tel phénomène fréquentait leur piscine.
Tout le monde est ébaubi... Déjà les filles se pâment... Déjà les femmes rêvent d'adultère... Et les hommes, eux, sont brûlés de jalousie !
Fier de sa performance, notre mec, tout sourire se hisse sur le bord du bassin. Il venait récolter les fruits de sa victoire, il venait goûter à la gloire qu'il méritait. D'une démarche sûre et triomphante il s'approche de son public qu'il toise prétentieusement.
Debout, les mains aux hanches, le torse bombé il les regarde et tente de capter un peu de l'admiration qui perle dans leur regard...
Mais pourquoi n'arrivait-il donc pas à lire et interpréter ce sentiment qu'il percevait dans leurs yeux ?...
Pourquoi... ?
Car notre mec, en ces instants de triomphe, ne se doutait pas qu'il avait ramené de son périple une immonde nouille de morve qui trônait majestueusement sur sa lèvre supérieure. Il offrait à son public un profil qui pour l'heure avait plus à voir avec celui d'un vautour picorant un ver qu'avec l'image d'un César triomphant rentrant de campagne !
Et dans les yeux de son public, on ne pouvait y lire que le plus pur des dégoûts !