Nager un dos efficace grâce au livre sur le crawl ?
Publié : lun. 24 sept. 2018 11:11
Devant le manque criant d'un livre "Nager un dos efficace", j'ai parfois botté en touche en disant qu'il suffisait de prendre le livre sur le crawl et de le lire à l'envers.
Est-ce vraiment une (très mauvaise) blague? Peut-on s'appuyer sur le livre Nager un crawl efficace pour construire une progression en dos?
Quelles sont les différences techniques et surtout pédagogiques?
Comme le livre en dos n'est pas encore prêt à être amorcé (mes excuses à la ligue des dossistes extraordinaires), j'ouvre ce petit sujet où je vais reprendre le déroulé du livre Nager un crawl efficace en regardant ce qui est applicable en dos ou ce qui devrait être changé.
J'essaierai de l'alimenter au fur et à mesure et j'espère que vous y trouverez quelques infos utiles.
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Nous commençons avec la partie principes. Cette partie est essentielle dans les livres car c'est elle qui définit ensuite la progression par étapes. En effet, on pourrait, pour chaque nage, imaginer des principes différents qui aboutiraient alors à une pédagogie différente. L'essentiel est de construire sa pédagogie avec des principes cohérents et adaptés à son public.
Dans l'optique d'un livre sur le dos, on pourrait reprendre tous les principes du crawl à l'exception du n°2 mettant en avant le tuba frontal (sauf à vouloir réduire la surpopulation des lignes d'eau). Je ne ferais pas non plus un grand principe sur les coordinations, cette donnée étant beaucoup moins importante pour le dos où la coordination des bras est assez standard (les bras restent pratiquement à l'opposé l'un de l'autre). Le rôle des jambes (principe n°4) doit aussi être vu différemment mais ça, nous y reviendrons probablement.
On raterait cependant le plus important avec cette vision car il faudrait absolument parler de la grande difficulté qu'ont certains nageurs à se détendre en dos. Ce serait pour cette nage le principe n°1.
Je le résumerais comme cela : "La natation a la particularité d'être un sport technique, où l'on ne voit pas ce qu'on fait. Eh bien en dos, non seulement on ne voit pas ce qu'on fait mais en plus, on ne voit pas où on va !"
Cette situation crée souvent un stress ou une tension musculaire particulière. Ceci peut être renforcé par la sensation désagréable de l'eau dans le nez puisque le dos est de loin la nage où l'on peut prendre le plus d'eau dans le pif !
Ceci va avoir notamment un impact important sur la position du corps dans l'eau (la raideur de la nuque qui empêche d'être à l'horizontale) et surtout sur la capacité à situer les différentes parties de son corps dans l'espace. L'entraîneur peut s'arracher les cheveux en disant à son nageur de mettre sa main sous l'eau alors que ce dernier pense qu'elle y est déjà. Et je ne parle pas de ceux qui ont la tête de travers et ne s'en rendent même pas compte ! Dans ces conditions, la vitesse d'apprentissage est réduite, quand on n'est pas carrément au point mort.
Si on veut être efficace (dans la pédagogie), ce principe doit être pris en compte partout :
- dans les étapes de la progression
- dans le matériel utilisé(le pince-nez peut permettre d'éviter le cercle vicieux : je prends de l'eau dans le nez donc je me raidis)
- et surtout dans les exercices
Un hypothétique livre commencerait donc peut-être par une sorte d'étape 0, travaillant la mobilité et le placement grâce à des exercices dans le style de l'exercice demi-vrilles déjà présent sur le site.
Tout ceci est aussi utile en crawl bien sûr, mais c'est un problème qui ne se pose pas de façon aussi prégnante.
Et vous, êtes-vous parfaitement à l'aise et détendu en dos ?
Pour la progression, à suivre...
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Les trois premières étapes.
En crawl, elles sont consacrées à l'horizontalité, au roulis et à la respiration (dans cet ordre, ce qui constitue un choix pédagogique important)
On retrouverait évidemment beaucoup d'idées semblables pour les premières étapes d'un livre consacré au dos.
Par exemple, au niveau de la position de la tête. En crawl, il est conseillé de regarder à la verticale (légèrement devant est possible pour les personnes souples) pour que le corps soit à l'horizontale. En dos, il est aussi standard de regarder à la verticale, même si certains nageurs la rentrent parfois légèrement, notamment pour les épreuves de sprint.
Le point un peu plus délicat est le lien fort entre roulis et horizontalité. En dos, sans roulis, la main ne peut pas aller correctement en profondeur après son entrée dans l'eau. Le bras restera "trop haut" ce qui va nuire fortement à l'horizontalité. Une séparation entre une étape 1 dédiée à l'horizontalité et une étape 2 dédiée au roulis est donc délicate.
Ce type de problème existe cependant pour toutes les nages, dès lors que le but est de concevoir une méthode. Les séparations en étapes sont nécessaires d'un point de vue pédagogique car le nageur ne peut pas penser à tout en même temps. Mais cette division est forcément artificielle : dans la nage, tout est lié. C'est le casse-tête de celui qui enseigne.
En crawl, le tuba frontal permettait de contourner cet obstacle. Le fait de ne pas devoir gérer la respiration diminue la difficulté des premières étapes et accélère l'apprentissage des débutants. Grâce à lui, on a en plus la possibilité de nager tout de suite en crawl complet, dès la première étape. En dos, ce ne sera pas forcément possible. Pour avoir un effet équivalent, il faut probablement commencer avec des battements seuls. Les deux bras dans le prolongement du corps dans un premier temps, ensuite et surtout en position costale. Tout ceci avec des palmes. Et comme beaucoup de gens sont débutants en dos, ça veut dire que ces exercices devraient être largement pratiqués
Quant à la respiration, c'est un point moins délicat en dos. Elle ne constitue pas une étape en elle-même mais c'est important d'en parler. On conseille généralement une expiration forte sur la fin du mouvement propulsif. Cela peut être sur tous les mouvements ou à une fréquence moindre (souvent on souffle à la fin d'un mouvement sur deux).
La suite au prochain numéro, on pourra commencer à parler propulsion.
Est-ce vraiment une (très mauvaise) blague? Peut-on s'appuyer sur le livre Nager un crawl efficace pour construire une progression en dos?
Quelles sont les différences techniques et surtout pédagogiques?
Comme le livre en dos n'est pas encore prêt à être amorcé (mes excuses à la ligue des dossistes extraordinaires), j'ouvre ce petit sujet où je vais reprendre le déroulé du livre Nager un crawl efficace en regardant ce qui est applicable en dos ou ce qui devrait être changé.
J'essaierai de l'alimenter au fur et à mesure et j'espère que vous y trouverez quelques infos utiles.
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Nous commençons avec la partie principes. Cette partie est essentielle dans les livres car c'est elle qui définit ensuite la progression par étapes. En effet, on pourrait, pour chaque nage, imaginer des principes différents qui aboutiraient alors à une pédagogie différente. L'essentiel est de construire sa pédagogie avec des principes cohérents et adaptés à son public.
Dans l'optique d'un livre sur le dos, on pourrait reprendre tous les principes du crawl à l'exception du n°2 mettant en avant le tuba frontal (sauf à vouloir réduire la surpopulation des lignes d'eau). Je ne ferais pas non plus un grand principe sur les coordinations, cette donnée étant beaucoup moins importante pour le dos où la coordination des bras est assez standard (les bras restent pratiquement à l'opposé l'un de l'autre). Le rôle des jambes (principe n°4) doit aussi être vu différemment mais ça, nous y reviendrons probablement.
On raterait cependant le plus important avec cette vision car il faudrait absolument parler de la grande difficulté qu'ont certains nageurs à se détendre en dos. Ce serait pour cette nage le principe n°1.
Je le résumerais comme cela : "La natation a la particularité d'être un sport technique, où l'on ne voit pas ce qu'on fait. Eh bien en dos, non seulement on ne voit pas ce qu'on fait mais en plus, on ne voit pas où on va !"
Cette situation crée souvent un stress ou une tension musculaire particulière. Ceci peut être renforcé par la sensation désagréable de l'eau dans le nez puisque le dos est de loin la nage où l'on peut prendre le plus d'eau dans le pif !
Ceci va avoir notamment un impact important sur la position du corps dans l'eau (la raideur de la nuque qui empêche d'être à l'horizontale) et surtout sur la capacité à situer les différentes parties de son corps dans l'espace. L'entraîneur peut s'arracher les cheveux en disant à son nageur de mettre sa main sous l'eau alors que ce dernier pense qu'elle y est déjà. Et je ne parle pas de ceux qui ont la tête de travers et ne s'en rendent même pas compte ! Dans ces conditions, la vitesse d'apprentissage est réduite, quand on n'est pas carrément au point mort.
Si on veut être efficace (dans la pédagogie), ce principe doit être pris en compte partout :
- dans les étapes de la progression
- dans le matériel utilisé(le pince-nez peut permettre d'éviter le cercle vicieux : je prends de l'eau dans le nez donc je me raidis)
- et surtout dans les exercices
Un hypothétique livre commencerait donc peut-être par une sorte d'étape 0, travaillant la mobilité et le placement grâce à des exercices dans le style de l'exercice demi-vrilles déjà présent sur le site.
Tout ceci est aussi utile en crawl bien sûr, mais c'est un problème qui ne se pose pas de façon aussi prégnante.
Et vous, êtes-vous parfaitement à l'aise et détendu en dos ?
Pour la progression, à suivre...
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Les trois premières étapes.
En crawl, elles sont consacrées à l'horizontalité, au roulis et à la respiration (dans cet ordre, ce qui constitue un choix pédagogique important)
On retrouverait évidemment beaucoup d'idées semblables pour les premières étapes d'un livre consacré au dos.
Par exemple, au niveau de la position de la tête. En crawl, il est conseillé de regarder à la verticale (légèrement devant est possible pour les personnes souples) pour que le corps soit à l'horizontale. En dos, il est aussi standard de regarder à la verticale, même si certains nageurs la rentrent parfois légèrement, notamment pour les épreuves de sprint.
Le point un peu plus délicat est le lien fort entre roulis et horizontalité. En dos, sans roulis, la main ne peut pas aller correctement en profondeur après son entrée dans l'eau. Le bras restera "trop haut" ce qui va nuire fortement à l'horizontalité. Une séparation entre une étape 1 dédiée à l'horizontalité et une étape 2 dédiée au roulis est donc délicate.
Ce type de problème existe cependant pour toutes les nages, dès lors que le but est de concevoir une méthode. Les séparations en étapes sont nécessaires d'un point de vue pédagogique car le nageur ne peut pas penser à tout en même temps. Mais cette division est forcément artificielle : dans la nage, tout est lié. C'est le casse-tête de celui qui enseigne.
En crawl, le tuba frontal permettait de contourner cet obstacle. Le fait de ne pas devoir gérer la respiration diminue la difficulté des premières étapes et accélère l'apprentissage des débutants. Grâce à lui, on a en plus la possibilité de nager tout de suite en crawl complet, dès la première étape. En dos, ce ne sera pas forcément possible. Pour avoir un effet équivalent, il faut probablement commencer avec des battements seuls. Les deux bras dans le prolongement du corps dans un premier temps, ensuite et surtout en position costale. Tout ceci avec des palmes. Et comme beaucoup de gens sont débutants en dos, ça veut dire que ces exercices devraient être largement pratiqués
Quant à la respiration, c'est un point moins délicat en dos. Elle ne constitue pas une étape en elle-même mais c'est important d'en parler. On conseille généralement une expiration forte sur la fin du mouvement propulsif. Cela peut être sur tous les mouvements ou à une fréquence moindre (souvent on souffle à la fin d'un mouvement sur deux).
La suite au prochain numéro, on pourra commencer à parler propulsion.