ma petite expérience
Publié : lun. 9 déc. 2019 14:41
Bonjour,
Je lis le forum depuis plusieurs mois et j'ose enfin raconter mon expérience.
A l'origine (jusqu'à mes 30 ans), je ne suis pas du tout sportif et encore moins mouilleur. J'avais horreur de l'eau, totalement aquaphobe depuis que mon enseignant de primaire estimait qu'en me jettant à l'eau, la nage allait m'arriver par enchantement ou par miracle ou par réflexe de survie ou par télégramme (si je le revois, je lui demande).
Bref, à 30 ans, on me diagnostique une maladie du foie et du pancréas et on m'explique que si je continue à dépasser les 100kgs, je serais mort à 45 ans . Volontaire (et trouillard aussi parce que la mort, c'est pas cool), je me mets à courir. Mais je cours, tous les jours, plusieurs fois par jour, je me relève la nuit pour courir, je cours qu'il pleuve, qu'il neige, qu'il vente, qu'il canicule.... En un an, je passe de 110 kgs à 59. Je suis au top, jamais une fracture, jamais une contracture, jamais une entorse.
Mais bing, il y a 5 ans quasi jour pour jour, je me fais une hernie discale qui, en explosant, me pête une lombaire. J'arrive en urgences à l'hôpital.
Mon généraliste estime que vu mon état de santé, il préfère que je sois opéré par un chirurgien qui a l'habitude des sportifs pour que je puisse reprendre la course rapidement. Etant donné que l'hôpital où je suis n'opère pas les hernies, j'explique au chirurgien/chef du service d'orthopédie que je souhaiterais être opéré sur Lyon. Il se vexe, il décide qu'il va me faire chier et qu'il est hors de question qu'il accède à ma demande, que ce n'est ni moi, ni mon médecin qui décident. Au bout d'une semaine, mon généraliste n'en pouvant plus de cet incapable qui refuse de me transférer demande au gérontologue de l'hôpital de "m'enlever" du service orthopédique et d'organiser mon transfert sur Lyon. C'est fait dans la foulée mais c'est trop tard. La colonne est trop touchée et j'ai commencé à perdre l'usage de la jambe gauche.
Je suis opéré à Lyon en janvier 2016. Le chirurgien est circonspect sur le fait que je récupère ma forme d'avant.
Un an plus tard, il faut visser une partie de la colonne. Le chirurgien est catégorique, je ne courrai plus, je ne ferai plus de vélo. Je suis condamné à vivre sous morphine, sous anti-épileptique. Il faut que je me fasse à l'idée, je finirai sans doute vissé du cou au sacrum.
Le seul sport qu'il me propose est la natation.... Caramba, je suis maudit. Il veut que j'aille dans cette baignoire pour faire du sport. J'ai toujours évité de faire trempette et voilà que c'est peut être le seul truc qui va me sauver. J'ai toujours horreur de l'eau mais je pèse à nouveau 100 kgs et la réalité est dure... Heureusement le club de natation local ouvre un groupe handicap. J'y vais, c'est la catastrophe, c'est un calvaire. Qui a pu avoir un jour cette idée que l'homme peut évoluer dans un milieu aquatique ? y a de ces fous, je vous jure !
Bon, la première année se passe à appréhender l'eau. La deuxième année, je commence à comprendre qu'on peut même avancer et reculer dans l'eau (et si tu avances quand je recules, comment veux-tu, comment-veux tu.. ). Je suis toutefois limité, ma jambe réagit pas trop et je tourne en rond tellement le mouvement est désynchronisé.
Nous voila en septembre 2019. Un nouveau maître nageur arrive dans le club. Il me pousse au cul pour que je bouge un peu plus dans l'eau. Il m'impose palmes et tuba pour rester avec une colonne droite et des jambes qui agissent plus par réflexe que par envie. Il me montre une nage peu académique (un mélange de caniche et dromadaire qui essaieraient de sortir de l'eau) mais qui fait que j'avance et même bien.
01/10/19 : Il me met au défi : "tu serais capable de faire 800 m en 1h ?".
15/10/19 : j'y arrive mais c'est long. Il me relance "Bon, ben c'est pas gagné mais il faut que tu arrives à faire le 2000 m en 1heure. Tu penses y arriver ? Normalement, tu bloqueras à 1400m."
Le salaud, il me provoque. Du coup, en dehors des 2h de club, je prends un forfait accès libre à la piscine et j'y vais tous les jours. Petit à petit, je vais de plus en plus loin. En 1h, j'arrive à faire 1300m (22/10/19), 1500m (25/10/19), 1800m (02/11/19), 2050m (12/11/19), 2300m (25/11/19), 2400m (02/12/19).
Parallèlement, je perds du poids (7kgs en 7 semaines).
Mais surtout, je kiffe et je surkiffe le retour de ces sensations, de toute cette endorphine qui me met une pêche d'enfer !!
Le kiné m'annonce que mes séances quotidiennes de piscine sont plus efficaces que les siennes et que je pourrais même envisager de quitter plus souvent mon corset.
Bref, je dois le dire, je suis content d'avoir débuté et je me dis que la marge de progression est énorme. Je suis fier de mon petit niveau de débutant (je fais des allers/retours finalement que depuis 4 mois).
Aujourd'hui, je me demande comment j'ai pu vivre sans faire tous ces allers-retours (71,19 kms depuis le 01/11/2019 ) Je ne dirais pas que je nage car beaucoup (à la piscine, dans mes amis, les membres du club dans d'autres lignes) se moquent de ma méthode peu conforme et limite disgracieuse). Non, je dis que je viens faire des allers-retours. Je reste, tranquillou bilou, dans mon couloir des "lents" avec les papys-mamies qui discutent (et vous partent sous le nez, squattent les bouts de ligne, se mettent à 3 de front pour causer, se plaignent que vous les éclaboussez en les doublant, se retournent en plein milieu de la ligne et vous rentrent dedans) et je fais mon petit bonhomme de chemin.
Sincèrement, je me dis que même avec la peur de l'eau, même sans savoir nager, même sans pouvoir nager : le temps fait les choses et on arrive à prendre du plaisir dans l'eau.
Je lis le forum depuis plusieurs mois et j'ose enfin raconter mon expérience.
A l'origine (jusqu'à mes 30 ans), je ne suis pas du tout sportif et encore moins mouilleur. J'avais horreur de l'eau, totalement aquaphobe depuis que mon enseignant de primaire estimait qu'en me jettant à l'eau, la nage allait m'arriver par enchantement ou par miracle ou par réflexe de survie ou par télégramme (si je le revois, je lui demande).
Bref, à 30 ans, on me diagnostique une maladie du foie et du pancréas et on m'explique que si je continue à dépasser les 100kgs, je serais mort à 45 ans . Volontaire (et trouillard aussi parce que la mort, c'est pas cool), je me mets à courir. Mais je cours, tous les jours, plusieurs fois par jour, je me relève la nuit pour courir, je cours qu'il pleuve, qu'il neige, qu'il vente, qu'il canicule.... En un an, je passe de 110 kgs à 59. Je suis au top, jamais une fracture, jamais une contracture, jamais une entorse.
Mais bing, il y a 5 ans quasi jour pour jour, je me fais une hernie discale qui, en explosant, me pête une lombaire. J'arrive en urgences à l'hôpital.
Mon généraliste estime que vu mon état de santé, il préfère que je sois opéré par un chirurgien qui a l'habitude des sportifs pour que je puisse reprendre la course rapidement. Etant donné que l'hôpital où je suis n'opère pas les hernies, j'explique au chirurgien/chef du service d'orthopédie que je souhaiterais être opéré sur Lyon. Il se vexe, il décide qu'il va me faire chier et qu'il est hors de question qu'il accède à ma demande, que ce n'est ni moi, ni mon médecin qui décident. Au bout d'une semaine, mon généraliste n'en pouvant plus de cet incapable qui refuse de me transférer demande au gérontologue de l'hôpital de "m'enlever" du service orthopédique et d'organiser mon transfert sur Lyon. C'est fait dans la foulée mais c'est trop tard. La colonne est trop touchée et j'ai commencé à perdre l'usage de la jambe gauche.
Je suis opéré à Lyon en janvier 2016. Le chirurgien est circonspect sur le fait que je récupère ma forme d'avant.
Un an plus tard, il faut visser une partie de la colonne. Le chirurgien est catégorique, je ne courrai plus, je ne ferai plus de vélo. Je suis condamné à vivre sous morphine, sous anti-épileptique. Il faut que je me fasse à l'idée, je finirai sans doute vissé du cou au sacrum.
Le seul sport qu'il me propose est la natation.... Caramba, je suis maudit. Il veut que j'aille dans cette baignoire pour faire du sport. J'ai toujours évité de faire trempette et voilà que c'est peut être le seul truc qui va me sauver. J'ai toujours horreur de l'eau mais je pèse à nouveau 100 kgs et la réalité est dure... Heureusement le club de natation local ouvre un groupe handicap. J'y vais, c'est la catastrophe, c'est un calvaire. Qui a pu avoir un jour cette idée que l'homme peut évoluer dans un milieu aquatique ? y a de ces fous, je vous jure !
Bon, la première année se passe à appréhender l'eau. La deuxième année, je commence à comprendre qu'on peut même avancer et reculer dans l'eau (et si tu avances quand je recules, comment veux-tu, comment-veux tu.. ). Je suis toutefois limité, ma jambe réagit pas trop et je tourne en rond tellement le mouvement est désynchronisé.
Nous voila en septembre 2019. Un nouveau maître nageur arrive dans le club. Il me pousse au cul pour que je bouge un peu plus dans l'eau. Il m'impose palmes et tuba pour rester avec une colonne droite et des jambes qui agissent plus par réflexe que par envie. Il me montre une nage peu académique (un mélange de caniche et dromadaire qui essaieraient de sortir de l'eau) mais qui fait que j'avance et même bien.
01/10/19 : Il me met au défi : "tu serais capable de faire 800 m en 1h ?".
15/10/19 : j'y arrive mais c'est long. Il me relance "Bon, ben c'est pas gagné mais il faut que tu arrives à faire le 2000 m en 1heure. Tu penses y arriver ? Normalement, tu bloqueras à 1400m."
Le salaud, il me provoque. Du coup, en dehors des 2h de club, je prends un forfait accès libre à la piscine et j'y vais tous les jours. Petit à petit, je vais de plus en plus loin. En 1h, j'arrive à faire 1300m (22/10/19), 1500m (25/10/19), 1800m (02/11/19), 2050m (12/11/19), 2300m (25/11/19), 2400m (02/12/19).
Parallèlement, je perds du poids (7kgs en 7 semaines).
Mais surtout, je kiffe et je surkiffe le retour de ces sensations, de toute cette endorphine qui me met une pêche d'enfer !!
Le kiné m'annonce que mes séances quotidiennes de piscine sont plus efficaces que les siennes et que je pourrais même envisager de quitter plus souvent mon corset.
Bref, je dois le dire, je suis content d'avoir débuté et je me dis que la marge de progression est énorme. Je suis fier de mon petit niveau de débutant (je fais des allers/retours finalement que depuis 4 mois).
Aujourd'hui, je me demande comment j'ai pu vivre sans faire tous ces allers-retours (71,19 kms depuis le 01/11/2019 ) Je ne dirais pas que je nage car beaucoup (à la piscine, dans mes amis, les membres du club dans d'autres lignes) se moquent de ma méthode peu conforme et limite disgracieuse). Non, je dis que je viens faire des allers-retours. Je reste, tranquillou bilou, dans mon couloir des "lents" avec les papys-mamies qui discutent (et vous partent sous le nez, squattent les bouts de ligne, se mettent à 3 de front pour causer, se plaignent que vous les éclaboussez en les doublant, se retournent en plein milieu de la ligne et vous rentrent dedans) et je fais mon petit bonhomme de chemin.
Sincèrement, je me dis que même avec la peur de l'eau, même sans savoir nager, même sans pouvoir nager : le temps fait les choses et on arrive à prendre du plaisir dans l'eau.