Comment on apprenait aux enfants à nager dans les années 60
Publié : lun. 15 mars 2010 07:32
Lorsque j'ai eu sept ans, mes parents, très mauvais nageurs, ce sont dit "tiens, on va mettre les gosses à la piscine cette année". A l'époque c'était assez rare et plutôt onéreux. La seule piscine couverte de la région était à 45 kms de la maison. J'y suis donc allée avec mon frère et ma sœur. On nous a d'emblée collé deux ceintures de six bouchons, plus une énorme chambre à air noire autour de la taille et une planche dans les bras. Probable que les maîtres nageurs de l'époque avaient de gros doutes sur la flottaison du corps humain. Le problème, c'est qu'avec tout ça autour de la ceinture d'une petite môme aussi grosse qu'une crevette, impossible d'apprendre à nager. C'était plutôt une sorte de flottage de petits loupiots avec des petits mouvements de jambes et de bras. La tête hors de l'eau bien sûr. Séance après séance, on enlevait d'abord le gros pneu. Ouf ça fait du bien et puis un, deux, trois, quatre flotteurs... jusqu'à la fin du dernier bouchon de la double ceinture et la planche.
Dans les dernières séances, on était supposé savoir nager et nous devions tous sauter dans le grand bain, sans rien, afin d'accomplir la traversée des 25 m en brasse tête hors de l'eau. Aucun apprentissage de regarder sous l'eau, de se sentir bien dans l'eau ou d'exercice à faire dans le petit bassin. Pas de formation de groupe d'âge ou de niveau non plus.
Le jour où l'on m'a enlevé tout cet ajout de flottaison, je n'ai pas pu sauter. J'étais complètement tétanisée sur mon plot et c'est le môme derrière moi (sale gosse si je le retrouve un jour ...) qui m'a poussé. Après cinq mètres et cinq tasses d'eau de javel avalée (j'étais déjà accro au goût apparemment), je me suis agrippée au bord, comme un naufragé à un morceau du Titanic qui vient de couler. Impossible de me le faire lâcher. Je crois bien que je hurlais aussi quelque chose du genre "j'ai peur, j'ai peur, au secours". Le maître nageur est arrivé avec sa perche et m'a incité à m'éloigner du bord (« non mais ça va pas la tête ») et comme je n'obéissais pas (déjà une règle chez moi), il m'a poussé avec sa perche, puis l'a retiré de l'eau et, là, a découvert avec stupeur que j'y étais restée accrochée.
Je ne lui ai pas laissé le temps de dire quoi que ce soit. Très vite, j'ai sauté sur le bord de la piscine, couru comme une dératée m'enfermer dans les toilettes du vestiaire où je suis restée un moment qui m'a paru très très long. Tout le monde est venu frapper à la porte afin de m'inciter à ouvrir et à sortir "mais, tu ne risques rien" ("oui oui c'est cela, cause toujours !") sans que j'obéisse. J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps et j'ai seulement réagi lorsque ma grande sœur est venue me dire que tout le monde était parti et que l'on allait éteindre les lumières.
J'étais tellement bouleversée ce soir là, que j'ai laissé mon petit sac de piscine avec ma serviette de bain, mon unique maillot et le bonnet floqué avec la petite marguerite dessus dans l'autobus du retour. Une bonne raison pour ne jamais plus y retourner. Bien sûr, je me suis fait copieusement sermonnée une fois rentrée à la maison.
L'année suivante, mes parents m'ont demandé quel sport je voulais faire. J'ai dit la natation. Ma mère m'a demandé si je me foutais d'elle, mais j'étais super sérieuse, je voulais vraiment recommencer l'expérience. J'ai finalement été inscrite au club de gymnastique local et j'ai pratiqué cette discipline pendant pas mal de temps. J'aimais bien.
J'ai attendu 40 ans pour finalement retenter l'expérience en natation. Quel dommage pour les années perdues, mais quelle joie de découvrir ce sport et les nouvelles techniques d'apprentissage actuelles qui n'ont plus rien à voir avec celles, totalement calamiteuses, du passé.
Et vous, quels sont vos souvenirs, bons ou mauvais, de votre première expérience de la natation ?
Dans les dernières séances, on était supposé savoir nager et nous devions tous sauter dans le grand bain, sans rien, afin d'accomplir la traversée des 25 m en brasse tête hors de l'eau. Aucun apprentissage de regarder sous l'eau, de se sentir bien dans l'eau ou d'exercice à faire dans le petit bassin. Pas de formation de groupe d'âge ou de niveau non plus.
Le jour où l'on m'a enlevé tout cet ajout de flottaison, je n'ai pas pu sauter. J'étais complètement tétanisée sur mon plot et c'est le môme derrière moi (sale gosse si je le retrouve un jour ...) qui m'a poussé. Après cinq mètres et cinq tasses d'eau de javel avalée (j'étais déjà accro au goût apparemment), je me suis agrippée au bord, comme un naufragé à un morceau du Titanic qui vient de couler. Impossible de me le faire lâcher. Je crois bien que je hurlais aussi quelque chose du genre "j'ai peur, j'ai peur, au secours". Le maître nageur est arrivé avec sa perche et m'a incité à m'éloigner du bord (« non mais ça va pas la tête ») et comme je n'obéissais pas (déjà une règle chez moi), il m'a poussé avec sa perche, puis l'a retiré de l'eau et, là, a découvert avec stupeur que j'y étais restée accrochée.
Je ne lui ai pas laissé le temps de dire quoi que ce soit. Très vite, j'ai sauté sur le bord de la piscine, couru comme une dératée m'enfermer dans les toilettes du vestiaire où je suis restée un moment qui m'a paru très très long. Tout le monde est venu frapper à la porte afin de m'inciter à ouvrir et à sortir "mais, tu ne risques rien" ("oui oui c'est cela, cause toujours !") sans que j'obéisse. J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps et j'ai seulement réagi lorsque ma grande sœur est venue me dire que tout le monde était parti et que l'on allait éteindre les lumières.
J'étais tellement bouleversée ce soir là, que j'ai laissé mon petit sac de piscine avec ma serviette de bain, mon unique maillot et le bonnet floqué avec la petite marguerite dessus dans l'autobus du retour. Une bonne raison pour ne jamais plus y retourner. Bien sûr, je me suis fait copieusement sermonnée une fois rentrée à la maison.
L'année suivante, mes parents m'ont demandé quel sport je voulais faire. J'ai dit la natation. Ma mère m'a demandé si je me foutais d'elle, mais j'étais super sérieuse, je voulais vraiment recommencer l'expérience. J'ai finalement été inscrite au club de gymnastique local et j'ai pratiqué cette discipline pendant pas mal de temps. J'aimais bien.
J'ai attendu 40 ans pour finalement retenter l'expérience en natation. Quel dommage pour les années perdues, mais quelle joie de découvrir ce sport et les nouvelles techniques d'apprentissage actuelles qui n'ont plus rien à voir avec celles, totalement calamiteuses, du passé.
Et vous, quels sont vos souvenirs, bons ou mauvais, de votre première expérience de la natation ?