Phelps raconte ses dépressions

Thème abordé : les compétitions de tous niveaux
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Matthieu
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Phelps raconte ses dépressions

Message par Matthieu » lun. 22 janv. 2018 19:32

Lors d'une conférence, Michael Phelps a fait état de ses nombreux épisodes dépressifs (après chaque jeux olympiques).

En Français : http://www.20minutes.fr/sport/natation/ ... ge-suicide
En Anglais : http://www.dailymail.co.uk/health/artic ... ssion.html

Il y a quelque chose de surprenant à voir ces sportifs d'une force mentale extraordinaire, capables de sombrer dans des dépressions sévères (on peut penser dans ce domaine à Ian Thorpe)
Et il est tout aussi surprenant qu'ils soient finalement assez peu suivis dans ce domaine.
valdes
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Re: Phelps raconte ses dépressions

Message par valdes » lun. 22 janv. 2018 20:02

C'est quelque chose qui ne me surprend pas du tout.

Evidemment, je ne suis pas championne olympique, ni même championne tout court, mais j'avais remarqué qu'après une épreuve longuement travaillée, attendue, investie, par exemple un premier grand trail, ... une fois la ligne d'arrivée franchie, l'épreuve finie et bien accomplie, la satisfaction toute personnelle de sa propre réussite (qui n'a rien à voir avec une ou dix médaille(s) d'or aux Jeux Olympiques et votre nation entière qui vous félicite) ...

pfiout, plus rien. Le vide sidéral. La grosse déprime.

Alors j'imagine qu'à un niveau super super super super élevé, c'est cela, mais à la puissance 10.000.

Il faut évidemment que les athlètes soient accompagnés. S'ils ne le sont pas, c'est vraiment un gros bug. La préparation mentale doit inclure l'avant compétition, la compétition, mais aussi l'après. D'autant que l'on traverse beaucoup mieux ces périodes par la suite, en les repérant.

A noter également que ces phénomènes de déprime post-compétition peuvent aussi se présenter après un échec, surtout à ce niveau. Je me rappelle la triste vision de Marie-José Perec, fuyant Sydney et les caméras, lors des J.O. de l'an 2000 ... Elle avait révélé ensuite être tombée alors dans une grave dépression.

On peut être très fort mentalement sur certaines choses (par exemple en "mode compétition") et posséder des "faiblesses" (quoi que je n'aime pas ce mot employé dans ce contexte) sur d'autres (par exemple, la vie personnelle, amoureuse, etc.). Ces forces et ces faiblesses sont d'ailleurs ce qui fait de nous des êtres humains.
Dernière modification par valdes le mar. 23 janv. 2018 06:37, modifié 1 fois.
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Re: Phelps raconte ses dépressions

Message par aquarelle » lun. 22 janv. 2018 21:37

Je ne suis pas étonnée du tout pour ma part mais c'est peut être lié à ma formation. Il y a bien sûr tous les enjeux psychologiques avec des dimensions identitaires et sociales extrêmement soutenues autour de soi/ de soi dans la discipline et de l'investissement qu'il faut après des événements longuement préparés parvenir non seulement à retirer de son objet mais surtout arriver à remobiliser autrement, c'est extrêmement coûteux psychologiquement. La dépression peut aussi être perçue comme un surinvestissement autocentré (dans une certaine mesure), ce qui est déjà un processus présent probablement chez de tels athlètes en vue de tels enjeux. La dimension ascendante ou descendante n'étant qu'une polarité d'un même mouvement psychique, dont l'intensité descendante est peut être proportionnelle à l'intensité ascendante pré-compétition.
(D'ailleurs dans un registre plus ordinaire il me semble que c'est aussi fréquent chez des personnes ayant sur-investi la sphère sportive.)
Je pense aussi aux effets secondaires du dopage et des différents traitements anti-douleur pour encaisser les charges d'entraînement qui peuvent aussi venir grandement fragiliser la façon dont l'organisme supporte les différents stress. Bon, j'imagine que tout n'est pas arrêté soudainement s'ils ont fini une compétition.
Je ne suis pas spécialisée du côté de la psychologie du sport et des pratiques auprès des athlètes de haut niveau mais un accompagnement psychologique me semble autant indispensable qu'extrêmement délicat sur un plan éthique ou ne serait-ce que pratique pour aider l'athlète à se faire le moins violence dans un processus qui est malgré tout d'une intensité rare et qu'il n'est peut être pas toujours à son profit de maintenir. Rien qu'à observer les entraîneurs des jeunes nageurs entre enfant/adolescents dans les groupes les plus prometteurs, cela me questionne souvent (guidance, encouragement, virulence, fatigue physique, relation entraîneur-entraîné-et-parents-de-l'entraîné etc) sur la façon de trouver un équilibre et sur les points d'appui que les professionnels ont pour cela. Ce serait intéressant de lire/écouter ceux qui ont pris le temps de penser et expérimenter ce travail auprès de publics vivant des situations extrêmes (je pense aussi aux soldats par exemple tiens).
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Re: Phelps raconte ses dépressions

Message par aymeric » lun. 22 janv. 2018 22:06

Je ne suis pas surpris non plus, ce n’est pas le premier sportif de haut dont j’entends parler qui a fait des dépressions pendant leur carrière ou à la fin de leur carrière (je ne donnerais pas de noms car je ne sais plus si j’en ai entendu parlé en sphère privée ou publique)
Comme l’exprime bien aquarelle on est dans un comportement cyclique donc après le pique il y à naturellement une descente dont la puissance est plus ou moins équivalente à la montée. De plus le sport de haut niveau est tout sauf équilibré, c’est au contraire l’apologie de l’excès et de la recherche du dépassement de soi.
On commence à s’intéresser au suivit psychologique dans le sport mais souvent une fois que le mal est fait, soit lorsque le sportif est adulte alors que le besoin aurait été pendant l’adolescence ou bien en fin de carrière lorsque le sportif se retrouve face à un vide s’il n’a pas pensé à sa reconversion pendant sa carrière (ce que très peu de sportifs font)
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Re: Phelps raconte ses dépressions

Message par valdes » mar. 23 janv. 2018 06:51

En fait, on peut assez aisément aider ces sportifs à encaisser le choc post-compétition, juste en les écoutant.

Erratum, en les faisant parler. Le problème, c'est que ces sportifs qui renvoient justement une image de "fort mental", pensent que parler, parler du mal-être ou du vide qu'ils éprouvent, y arrivent difficilement, car : 1. pour eux, c'est souvent vu comme une faiblesse, alors que c'est simplement être humain que d'avoir des hauts et des bas et 2. ils estiment sans doute, à tord, qu'ils n'ont pas à se "plaindre", étant adulés par toute la population ...

C'est pour cela qu'il faut que l'écoute soit réalisée par une personne extérieure, n'ayant aucun lien avec la compétition ou l'entourage du sportif.

Et donc, je reviens sur ce que j'ai écrit plus haut. Cette personne qui écoute avec bienveillance ne saurait être en aucun cas un coach mental.

Il est clair que c'est quelque chose d'encore peu répandu et pourtant, dans tous les sports, on a des cas de sportifs de haut niveau qui sombrent dans l'alcoolisme, la violence, la drogue, une fois leur heure de gloire passée ... C'est bien triste. D'autant qu'on peut l'éviter cela en les aidant à passer ce cap (du passage de la gloire médiatique à l'ombre du quotidien).

C'est le travail sur la résilience diraient les psys. Résilience que l'on peut étendre plus largement qu'aux seuls cas post-traumatiques.

Par ailleurs, il se peut que les sportifs de très haut niveau, aient souffert de certains manques affectifs dans l'enfance, manques qui les ont peut-être poussés à travailler extrêmement dur pour arriver au niveau où ils en sont, soit les premiers. Ces manques ou carences demeurent néanmoins et peuvent ré-apparaître, lors de ces périodes clés qui naissent du vide post-grands enjeux bien accomplis où l'esprit et le corps se retrouvent brusquement sans "occupation".
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Re: Phelps raconte ses dépressions

Message par Ayekoul » mar. 23 janv. 2018 09:49

Est-ce que ce ne serait pas finalement inevitable a tout competiteur? Je n'ai pas dit champion, j'ai dit competiteur (competitrice aussi bien sur). Des qu'on veut gagner, ca veut dire qu'il y a l'adrenaline qui monte et apres, le gouffre, le neant comme disait Valdes. Meme chose quand on voit les sportifs de l'extreme qui sont en manque, ca me rappelle les fumeurs qui arretent le tabac ou l'alcool: je suis sur que c'est pareil.. Ou meme des rivaux entre eux. Quand Prost a arrete, Senna avait perdu le sens de sa vie, vu qu'il vivait pour battre Prost et non pas pour gagner reellement.. Et enfin, pour le commun des mortels, l'effet d'aller a la retraite du jour au lendemain et ne plus travailler, ca fait le meme effet..
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Re: Phelps raconte ses dépressions

Message par Leela » mar. 23 janv. 2018 11:18

En effet, c'est très touchant de voir un grand champion comme cela avouer cela, cela le rend plus humain.

Mais cela ne m'étonne pas, a fortiori dans un sport aussi exigeant que la natation. Pour être moi-même compétitrice et pour bien connaître quelques sportifs ayant évolué à haut niveau dans leur jeunesse, je sais combien les champions peuvent révéler de grandes failles.
L'investissement total dans une discipline sportive leur permet souvent de combler un vide et dans le même temps, un tel investissement en temps se fait au détriment d'autres choses (le temps social, le temps des études, la vie affective....) à un âge où se construit la personne.

Et puis comme l'ont souligné les autres retrouver une motivation une fois atteint un objectif peut être d'autant plus difficile qu'on y associe l'effet addictif de la pratique sportive... l'équivalent d'une dépression post-partum doublée d'un effet de manque et de sevrage.

Même à mon modeste niveau, j'avoue que j'ai un peu le blues à la fin de ma dernière compétition de la saison et qu'il faut se remotiver pour retourner à l'eau !
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Re: Phelps raconte ses dépressions

Message par japhy » mar. 23 janv. 2018 13:45

Ayekoul a écrit : mar. 23 janv. 2018 09:49 Et enfin, pour le commun des mortels, l'effet d'aller a la retraite du jour au lendemain et ne plus travailler, ca fait le meme effet..
Oui enfin, ne généralisons pas, sur ma famille très élargie et pas mal d'amis, je ne connais pas une seule personne qui ait souffert de sa fin d'activité.

Mais effectivement, comme dit Leela, pour la natation, c'est avant tout dans la surcharge horaire non seulement à l'âge adulte mais surtout pendant l'enfance et l'adolescence que le problème prend sa source. Même si c'est peut-être encore un sujet tabou, il me semble que ce ne sont pas des enfances normales et épanouissantes au sens général du terme, et gagner des courses ne saurait suffire à personne dans la vie. Il ne faut pas s'étonner qu'ils se lâchent plus tard sur la bibine ou la chicha...
(D'ailleurs, petite remarque, plus pour les gens de presse d'ailleurs, ce n'est pas parce qu'on a été condamné pour conduite en état d'ivresse comme Phelps qu'on est "alcoolique", ça arrive malheureusement à pas mal de gens qui sortent avec leurs potes; c'est irresponsable et inacceptable mais pas forcément lié à une dépression ou à un alcoolisme permanent, bref).

Quant à Thorpe, comme cause de dépression, il faut lui rajouter, le pauvre, le rejet dont il a pu être l'objet pour des raisons strictement privées mais rendues publiques, comme s'il avait été jeté aux chiens. Pas facile la vie de champion...
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Re: Phelps raconte ses dépressions

Message par Horry » ven. 26 janv. 2018 11:16

Grant hackett avait aussi complètement pété les plombs et avait du être hospitalisé en psychiatrie après son arrestation.
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Re: Phelps raconte ses dépressions

Message par aquacole » ven. 26 janv. 2018 14:35

Ayekoul a écrit : Et enfin, pour le commun des mortels, l'effet d'aller a la retraite du jour au lendemain et ne plus travailler, ca fait le meme effet..
Je ne dois pas faire partie du commun des mortels... :ok:
Parce que moi, la déprime c'était au boulot.
Et depuis que c'est fini, la vie est belle ! :danse:
Faire du sport régulièrement permet de mourir en meilleure santé.
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