Natation et Course à pied, 2 entraînements différents

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Matthieu
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Natation et Course à pied, 2 entraînements différents

Message par Matthieu » dim. 1 janv. 2023 10:34

Natation et Course à pied, sont deux sports que j'ai pratiqués très assidument. L'entraînement était géré de façon assez similaire.

Pourtant ces deux sports n'ont pas grand-chose à voir. J'ai eu de nouveau à y réfléchir il y a quelques temps pour les besoins de la nouvelle édition de Natation, méthode d'entraînement pour tous. Voici les différences que j'ai vues :
1. Le nageur doit affronter la résistance de l'eau, qui lui fait perdre beaucoup d'énergie s'il n'est pas parfaitement positionné. Pour le coureur, la résistance de l'air est négligeable.
2. La résistance de l'eau augmente dès que le nageur fait un mouvement car son bras ou sa jambe va sortir de l'axe du corps. Aucun effet de ce type en course à pied.
3. Il résulte de (2) que le nageur peut avoir intérêt à glisser dans une position profilée pour limiter les résistances (le cas le plus évident est la brasse, mais on peut aussi penser au crawl semi-rattrapé). Les notions de fréquence et de rythme des mouvements sont de ce fait une question complexe en natation. Aucun effet de ce type en course à pied, le coureur doit juste maintenir un rythme régulier
4. Le coureur s'appuie sur le sol, un milieu solide qui restitue presque 100% de son énergie. Le nageur s'appuie sur un milieu liquide qui ne lui restitue qu'une partie variable de son énergie pour avancer. En natation, cela entraîne une perte d'énergie entre 20% et plus de 50% selon les nageurs et leur niveau technique.
5. Il résulte des points 1 à 4 qu'il y a une différence énorme de rendement entre des nageurs moyens et des champions. En course à pied, la différence de rendement est plus faible, de l'ordre de 7%
6. Il résulte de 5, deux finalités différentes de l'entraînement : le coureur à pied doit, avant tout, améliorer la quantité d'énergie qu'il est capable de produire, le nageur doit améliorer son rendement avant tout.
7. En conséquence de (6), l'organisation de l'entraînement se doit d'être différente. Les distances et les temps de repos ne peuvent être définis de la même façon. En natation, il faut être vigilant par exemple à ce que les temps de repos permettent au nageur de rester en maîtrise technique de ce qu'il fait.
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Re: Natation et Course à pied, 2 entraînements différents

Message par caro-line » lun. 2 janv. 2023 12:48

Intéressant effectivement!
Conclusion... les nageurs sont très courageux d'avoir choisi ce sport :mrgreen:
J'ai un peu dévié de la natation classique en optant pour la nage avec (mono)palme, mais pour le coup ce sont deux sports aquatiques pour lesquels on peut partir des mêmes grands principes.
Il y a peu j'ai passé un diplôme fédéral d'entraineur, et le maître mot d'un des formateurs - qui n'était pas n'importe qui - était le suivant: un entraineur est un gestionnaire de repos avant d'être un gestionnaire de charge de travail ou d'allure, et c'est valable autant dans les différents cycles d'une planif annuelle que dans la conception d'une séance et des séries qu'elle comporte. Il est même un peu extrême dans son idée, allant jusqu'à questionner la nécessité de faire nager 2h ses nageurs (lorsqu'on a la chance que la piscine nous octroie ce temps)...

Et bonanée :-d
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Re: Natation et Course à pied, 2 entraînements différents

Message par aquarelle » mer. 4 janv. 2023 15:59

Je suis sûre que ce sujet intéresserait pas mal de nageurs pratiquant les deux activités, notamment ceux qui se sont mis à la natation après la course et qui peuvent être éprouvés par le contraste de sentiment d'efficacité/fluidité/endurance auxquels ils sont habitués.
Moi je suis pas du tout concernée, je cours pas et suis pas très efficace dans l'eau ^^ mais j'ai su apprécier la conclusion de caro-line :lol2:
Sinon sur le point relatif à l'évaluation des temps de repos qui se penserait différemment pour la natation, je pense que ça a aussi ses limites de n'adopter que la notion de temps (on ne parle des temps de repos qu'en terme de durée en général) et qu'il serait intéressant de donner des indications qualitatives pour les nageurs qui s'entraînent en créneau public et qui rappellent leur fonction selon les buts visés de la séance ou série. Avec l'expérience on affine sensiblement ce qui est le "bon moment" pour repartir dans les meilleures conditions (selon ce qu'on veut faire), que ce soit du point de vue corporel (sensations cardiaques, musculaires, souffle, à la fois reposé mais pas trop etc) et du point de vue mental (combiner relâchement et sentiment d'élan/d'énergie, rester dans une certaine dynamique de nage, disponibilité de l'attention). Bon après ça se conjugue avec les conditions de nage. Bon je m'arrête là j'ai un peu dévié :ops:
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Re: Natation et Course à pied, 2 entraînements différents

Message par caro-line » mer. 4 janv. 2023 19:02

aquarelle a écrit : mer. 4 janv. 2023 15:59 je pense que ça a aussi ses limites de n'adopter que la notion de temps (on ne parle des temps de repos qu'en terme de durée en général) et qu'il serait intéressant de donner des indications qualitatives pour les nageurs qui s'entraînent en créneau public et qui rappellent leur fonction selon les buts visés de la séance ou série. Avec l'expérience on affine sensiblement ce qui est le "bon moment" pour repartir dans les meilleures conditions (selon ce qu'on veut faire), que ce soit du point de vue corporel (sensations cardiaques, musculaires, souffle, à la fois reposé mais pas trop etc) et du point de vue mental (combiner relâchement et sentiment d'élan/d'énergie, rester dans une certaine dynamique de nage, disponibilité de l'attention).
Justement non, la récupération à la sensation n'est pas forcément un bon indicateur pour repartir, à moins de travailler uniquement la technique. Mais dès lors qu'on est dans un série où l'on souhaite travailler spécifiquement sprint, résistance ou endurance - pour faire simple - , il faut compter, et les repos doivent être individualisés le plus possible en fonction des chronos de chacun, et c'est valable à tout niveau. Exemple bête: ne prendre que 45s entre des 25m sprint "parce que 1mn c'est trop long, on s'ennuie et on a froid"... bah non, on n'est plus dans de la puissance sprint. Et pour travailler l'endurance également: prendre 30s entre chaque 100m, même si on en fait 10 ou plus, rapidement ça ne fait plus rien travailler.
Mais je rejoins ce que tu dis, pour un nageur loisir, même voulant progresser en vitesse, s'entrainant par lui même en créneau public, ma remarque n'est pas pertinente, c'est difficilement applicable.

pour revenir un peu sur la course à pied: ce qui est intéressant aussi dans ce que souligne Matthieu, c'est que ça peut donner l'idée de pourquoi les nageurs passionnés ont du mal lorsqu'ils se mettent à courir: pas assez de technique à travailler, pas assez de questions à se poser, beaucoup trop de cerveau disponible pour penser que c'est dur et que l'on souffre... :mrgreen: C'est mon ressenti j'avoue :mrgreen: En cap il s'agit de faire du volume pour forcer l'adaptation physiologique, en natation c'est aussi le but mais pas sans la technique. D'ailleurs à l'inverse, j'ai croisé pas mal de coureurs-cyclistes qui se sont mis à nager pour faire des triathlons, sans aimer vraiment ça et donc sans s'y intéresser beaucoup: ceux là ont en général une nage énergivore, peu technique, j'en comprends qu'ils n'arrivent pas à améliorer le rendement dont parle Matthieu.
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Re: Natation et Course à pied, 2 entraînements différents

Message par Aymar » jeu. 5 janv. 2023 21:24

caro-line a écrit : mer. 4 janv. 2023 19:02 pour revenir un peu sur la course à pied: ce qui est intéressant aussi dans ce que souligne Matthieu, c'est que ça peut donner l'idée de pourquoi les nageurs passionnés ont du mal lorsqu'ils se mettent à courir: pas assez de technique à travailler, pas assez de questions à se poser, beaucoup trop de cerveau disponible pour penser que c'est dur et que l'on souffre... :mrgreen: C'est mon ressenti j'avoue :mrgreen: En cap il s'agit de faire du volume pour forcer l'adaptation physiologique, en natation c'est aussi le but mais pas sans la technique. D'ailleurs à l'inverse, j'ai croisé pas mal de coureurs-cyclistes qui se sont mis à nager pour faire des triathlons, sans aimer vraiment ça et donc sans s'y intéresser beaucoup: ceux là ont en général une nage énergivore, peu technique, j'en comprends qu'ils n'arrivent pas à améliorer le rendement dont parle Matthieu.
Je partage tout à fait ton point de vue, la cap travaille le cardio et la physio, la natation rajoute la technique et les sensations, des ressentis que le corps garde en mémoire.
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Re: Natation et Course à pied, 2 entraînements différents

Message par andre » lun. 9 janv. 2023 07:17

le sport que je pratique en complément de la natation c'est le vtt
qui demande aussi de la technique
l'érreur que j'ai fait c'est de l'arreter complétement pendant l'apprentissage de la nage
maintenant il m'aide beaucoup méme si c'est pas du tout la méme chose ça m'aide bien pour faire du volume en natation
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Re: Natation et Course à pied, 2 entraînements différents

Message par Lautho » mar. 10 janv. 2023 11:39

Ca c'est un bon sujet :-d

Totalement en phase avec les propos de Matthieu et les remarques des autres.
De mon expérience aussi beaucoup d'athlètes venant de la course à pied/cyclisme passent complètement à côté de l'importance primordiale de la technique en natation et se contentent "d'enchainer les bornes" comme ils le feraient dans leurs autres sports d'endurance, en attendant que le corps se renforce et que la vitesse augmente. Stratégie perdante pour la natation !

Petite remarque sur le point numéro 7, c'est d'ailleurs une question que je me pose depuis longtemps à la lecture de la méthode:
Matthieu a écrit : dim. 1 janv. 2023 10:34 7. En conséquence de (6), l'organisation de l'entraînement se doit d'être différente. Les distances et les temps de repos ne peuvent être définis de la même façon. En natation, il faut être vigilant par exemple à ce que les temps de repos permettent au nageur de rester en maîtrise technique de ce qu'il fait.
En course à pied, lorsqu'on fait du travail de qualité, les repos sont primordiaux, j'irai même jusqu'à dire que leur calibrage avec précision est plus important que pour les périodes actives.
Pour un coureur de fond, pour simplifier, on cherche à améliorer deux choses: en général, une progression du système cardiovasculaire, qui est globalement le facteur limitant (sauf rares exceptions: courses ultra longues, courses avec des exigences musculaires particulières...) et, plus spécifiquement, à l'approche d'une compétition, à s'habituer à l'effort spécifique qui sera demandé (c'est l'affutage).
De la période dans laquelle on se trouve et de ce qu'on cherche à travailler va dépendre la création de la séance et des repos qui vont avec.
Plus on est dans une période d'entrainement "général" (donc loin d'une compétition) plus on va mettre l'accent sur maximiser le travail cardiaque (l'optimal étant le travail le plus proche possible mais en restant en dessous des deux seuils lactiques). Au contraire plus on est proche de la compétition, plus on va mettre l'accent sur les allures spécifiques de travail en les encadrant de manière plus précises, quitte à faire régresser un peu sa base cardiaque (en allant recruter plus fortement le système anaérobique par exemple, dès lors qu'on est sur une course de 10k ou moins)
Pour arriver à ces fins, on peut moduler les durées et les vitesses de travail bien sûr, mais aussi la durée de la récupération ainsi que son intensité.
Je vais prendre comme exemple un coureur avec une allure "rapide" de 15km/h, qui correspond à ce qu'il va viser sur une compétition lointaine (je suis obligé de simplifier un peu sinon ça va faire 10 pages :ouah ).
Dans un premier temps, le coureur va chercher à maximiser son travail cardiaque en passant le plus longtemps possible dans les zones de travail optimal. C'est le moment parfait pour faire des récupérations actives mais longues qui vont lui permettre de se reposer tout en ayant un travail cardiaque intéressant étant donné que le coeur ne va pas beaucoup retomber (par ex. une alternance de 4x(1km courus à 15km/h et 1km à 14,5km/h), total de 8km).
Dans un second temps, il va commencer à moduler son entrainement pour augmenter le kilométrage couru à allure cible, tout en modulant les récupérations pour que l'effort global de la séance ne soit pas trop fatigant (par ex. il est possible de faire 8x1km entre 14,8km/h et 15km/h avec des récupérations plutôt longues et faciles, courues à allure de footing, pendant 2min30 voire 3min - ce n'est pas vraiment important à ce stade de l'entrainement, ce qui compte c'est de réussir à en faire 8 sans être cuit, à l'athlète de moduler l'allure et la durée des récups en fonction).
Enfin, avant la compétition, il va chercher à s'affuter, c'est à dire à s'approcher des conditions de course: on va courir le plus proche possible des allures de course tout en réduisant les récupérations au minimum pour simuler un effort quasi-continu (par ex. 6x1km récup 45sec voire moins), mais comme c'est plus difficile comme exercice, on ne peut pas faire autant de volume que dans les premières phases au risque d'être "cuit" pour la compétition, donc il y a moins de progression cardiaque + dans des zones moins optimales.

En natation (pour des nageurs de longue distance au moins), est-ce qu'on 'pilote' aussi les récupérations en fonction du travail cardiaque qu'on recherche ou bien c'est vraiment axé sur la maitrise technique et, à l'approche des compétitions, pour s'approcher des conditions de course?
Personnellement, je suis toujours parti du principe que pour un nageur comme moi (pas intéressé par le sprint) le principal est de rester en maîtrise technique pendant les séries, c'est bien plus important que de tenir les chronos (de repos + d'effort) à tout prix. Je n'hésite d'ailleurs pas à prendre un peu plus long que prévu dans le bouquin, si jamais j'en ressens le besoin.
Mais par rapport à la course, je pense qu'il faut aussi prendre en compte que les "récupérations actives" en natation sont plus difficiles, notamment à cause du risque de dégradation technique important qui serait contreproductif. Donc beaucoup moins de marge pour moduler les séances à volonté qu'en CAP.

Encore un pavé :ouah
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