abbyl75 a écrit :Et Caroline, vous avez des nouvelles?
Je vais bien merci
Je ne suis pas rentrée tout de suite chez moi, et je n'avais pas d'internet là où j'étais. Et puis... je voulais vous concocter un roman avec des photos pour vous raconter tout ça, ça prend un peu de temps.
ça y est c'est fait, le temps de mettre tout ça en page et je poste. C'est vraiment long, je ne suis pas sûre que vous ayez tous le courage de tout lire mais il était important pour moi d'écrire tout ça, pour m'en rappeler toujours, pour le partager, et puis qui sait, ça peut peut être aider quelqu'un qui préparerait sa première course en eau libre!
Et merci Bolovar pour le lien avec les photos!
-- Ajout du Jeu 21 Aoû 2014 22:30 --
Mon "collègue de nage" et moi sommes arrivés la veille de la course, histoire de repérer un peu le "terrain" et de régler les derniers détails administratifs s'il y avait lieu. Nous avons bien entendu essayé de repérer le parcours... jusqu'à apprendre que toutes les bouées n'avaient pas encore été installées. La météo ne s'annonçait pas très bonne, et pour moi le stress a commencé à vraiment monter lorsque nous avons discuté avec une dame de l'antenne d'animation, qui nous a expliqué le fonctionnement de la traversé - pas grand chose de nouveau pourtant, mais là ça a vraiment concrétisé le truc!
Le lendemain le réveil a été (très)(trop) matinal, et nous sommes arrivés... en avance! Oldswimmer et moi nous sommes rapidement trouvées, ce fut un vrai plaisir de pouvoir lui dire en face combien ses posts sur NPT m'ont aidée lorsque j'ai débuté la nat'! On enfile nos beaux bonnets pour la photo, j'ai aussi mon beau t-shirt
Son enthousiasme m'a fait du bien, et Bolovar n'a pas tardé à nous rejoindre. Un nouveau bon moment! Les indications de quelqu'un ayant déjà fait la traversée sont vraiment rassurantes, d'ailleurs Bolovar EST quelqu'un de rassurant, merci
Le principal des discussions furent sur le parcours, les repères, les bouées, les conditions climatiques,... C'est ce qui m'a le plus inquiétée, pas si facile.
Puis vint... la pluie, et le moment de finir l'enfilage des combis pour prendre le bus qui allait nous amener sur la plage de Socoa, plage de départ de la course. L'arrivée allait se faire sur la grande plage de saint jean de Luz, 1900m plus loin! Je pense aux spectateurs sous la pluie, pas cool pour eux...
Arrivés au départ, nous avons eu une petite demie heure pour goûter l'eau, s'échauffer un peu avant le début de la course. J'ai vraiment apprécié d'avoir eu ce temps-là, le temps de constater que ça allait, je savais toujours nager
, et qu'en plus de cela les sensations étaient vraiment bonnes! Ca m'a permis de descendre d'un cran niveau stress. L'eau n'était vraiment pas froide, aucun problème de souffle coupé une fois la tête dans l'eau. Normal, j'avais mon beau bonnet NPT
J'ai eu le temps de retrouver aussi un MNS d'une de mes piscines, que je côtoie parfois dans la ligne d'eau où je nage... et que j'ai vu s'échauffer… en papillon...
Quelques photos prises par une photographe qui vend les clichés ensuite... et j'ai craqué, j'ai acheté ! A droite: Bolovar:
Petite explication géographique: entre la plage de départ et celle d'arrivée, il y a la sortie du port. Et donc, il est absolument impossible pour les accompagnants et spectateurs de suivre les nageurs en longeant le bord de l'eau à pied. Il faut choisir, être au départ ou à l'arrivée, les deux étant difficilement conciliables. C'est très dommage, du coup la plupart des gens choisissent d'être à l'arrivée, et on est un peu juste entre nageurs pendant la demie heure avant le départ. Au moins, on est vite dans l'ambiance!
Puis, le départ: je suis motivée et décide de partir plutôt devant. Je préfère encore me faire passer dessus par des mecs qui doublent que de galérer à être bloquée derrière. Petit coup de stress quand même avant le coup de corne, je regarde les gens devant et suis sûre que je vais me prendre leurs pieds dans la figure... tant pis... allez hop, plus le temps de réfléchir, c'est parti!
Il y a du monde, il m'est impossible dans un premier temps de nager vraiment à la vitesse que je souhaiterais: il faut surveiller les pieds des nageurs devant, les bras de ceux des côtés, se méfier des gens qui ont la bonne idée de faire quelques jambes de brasse pour regarder devant, trouver où se faufiler pour doubler, sachant que personne ne nage vraiment droit au départ, chacun se débat un peu pour se faire sa place. Les piscines bondées aux horaires publics, à côté de cela, c'est du gâteau! Je suis quand même étonnée car je ne galère pas tant que cela, ça se passe plutôt bien, et j'arrive à avancer. Les écarts se creusent petit à petit, ça se calme, je peux penser à nager mieux.
Le plus dur sera, tout au long de la course, de se repérer, trouver les couloirs au début et à la fin de la course, les bouées qui pourtant sont énormes. La houle étant là – et surtout au milieu du parcours, là où justement il n'y avait pas de couloir très visible, je constate un peu désespérée que 2 fois sur 3 lorsque je lève la tête, je ne vois rien, ou plutôt si... une vague ! Je me dis alors que je n'ai qu'à suivre le gros des nageurs. Je n'oublierai jamais cette grosse bouée jaune... et ma perplexité lorsque je réalise que je ne sais même pas si c'est celle de gauche ou celle de droite !!! Je comprends aussi très vite, qu'il ne sert à rien de suivre les autres, car ils passent indifféremment à droite ou à gauche des bouées. En fait, je ne suis pas du tout la seule à être un peu perdue ! Je ne compte alors que sur moi-même et me concentre sur ma nage, en veillant simplement à ce qu'il y ait toujours des gens à ma gauche et à ma droite. Je double, me fais doubler, je constate que petit à petit il y a moins de filles.
En milieu de parcours, quelques rencontres!... avec un monsieur qui me décoche un sacré coup alors qu'il y a largement la place pour tout le monde. Je suis tellement surprise dans mon extrême concentration que j'en sors la tête de l'eau et me retourne. Je le vois tout aussi surpris, il s'excuse, je lui dis avec le sourire que ce n'est pas grave, tout ça au milieu de la houle. Je continue en me disant que je n'aurais jamais pensé que dans de telles conditions de course, il pouvait y avoir des moments de courtoisie comme en piscine (heu... bref
). Plus tard, un nageur moins aimable se colle à ma gauche et me met une baffe à chaque mouvement de bras. Excédée je finis par sortir la tête de l'eau et le pousse de toutes mes forces avec mes deux bras... il ne reviendra plus celui-là.
Néanmoins, les sensations sont toujours bonnes, l'eau est claire, je n'ai pas froid, et pas le temps de stresser sur la profondeur, les poissons, les méduses, les algues, etc etc. J'ai même le temps d'admirer un arc-en-ciel !
Je continue quand même toujours un peu perdue question orientation, je pense aux conseils entendus de prendre l'entrée du port comme repère, ça marche, je le vois, ça me rassure. Et puis (déjà!) l'entrée du dernier couloir avant l'arrivée
Là comme tout le long du parcours, il y a des gens sur des planches qui encadrent les nageurs, et cette fois je les vois car le couloir est moins large. Heureusement car à cet endroit la marée me déporte du mauvais côté, mais je connaissais ce risque et j'arrive à retrouver ma trajectoire.
La houle se calme un peu, et je sens que je peux accélérer, je me dirige mieux, je constate que je maîtrise plutôt bien le fait de regarder devant et de se repérer quand il y a moins de vagues. Je vois l'arrivée ! Bon, par contre, j'apprendrai que ce n'est pas parce que l'on voit la plage qu'elle est à 20, ni même 50 m
J'accélère, je n'hésite plus sur le 2 temps et j'ai une impression de glisse de fou!! Peu à peu je vois le fond de l'eau, le sable, ça s'éclaircit mais je sais que ce n'est pas parce que l'on voit le fond qu'il y a peu d'eau et que c'est fini. Je repousse le moment de me relever, regarde ce que font les nageurs autour de moi, j'hésite puis me relève... j'ai de l'eau au-dessus de la taille. Raté, trop tôt ! Je replonge pour une 15aine de mouvements et puis ça y est, c'est l'arrivée. Les jambes un peu faibles pendant une ou 2 secondes et puis je me hâte de sortir de l'eau...sous le soleil! Un nageur à côté de moi me passe presque devant et c'est en rigolant que je me tente un petit sprint sur le sable jusqu'au chrono... bizarre, je n'ai plus de jambes, mais le monsieur court aussi, et c'est plus tard sur les photos que je verrai qu'il souriait aussi... génial ! Au passage j'entends mon prénom, des encouragements. Je ne vois pas grand chose mais je sais qui est là, et mon sourire n'en est que plus présent !
Petite déception à la vue de mon temps, qui s'accentuera quelques minutes plus tard devant le tableau des résultats : 35mn02, 146ème (sur 597 nageurs). Après calculs, 27ème fille sur environ 200 je pense. Pas de top 100, un temps équivalent à mes temps en piscine, mais l'écart avec le nageur avec qui je suis venue faire cette traversée, m'indique que c'est cohérent et pas si mal. Et puis de toute façon... bon sang
qu'est-ce que c'était bien !!!
Le temps qui suivra l'arrivée sera dédié à retrouver ma famille, mon chéri, mon « accompagnateur », Old et Bolovar, et partager ce vécu avec eux. Ravitaillement, t-shirt cadeau, récupérer le diplôme, photos, regarder le podium, Camille Muffat, toussa toussa !
Je repartirai de là avec l'envie de refaire cette traversée l'année prochaine. Avec une première fois qui m'aura indiqué des voies d'amélioration pour l'année prochaine :
- inutile de m'inquiéter pour la distance, ça passe tout seul. Rien à voir avec un 2000m en piscine qui peut paraître très long, là il y a tellement de choses à penser (repères pour s'orienter, les autres nageurs, doubler, éviter les coups) que ça passe vraiment vite. Je pourrai me préparer davantage sur la vitesse, la résistance à l'effort de vitesse sur une telle longueur. Ce sera l’entraînement de toute l'année qui j'espère, me permettra de progresser sur ce plan.
- moi qui pensais faire l'année prochaine sans combi, finalement je vais plutôt essayer de nager davantage avec pour en tirer le meilleur profit.
- je devrai absolument être plus attentive à rester du bon côté du couloir en fonction du courant : là j'étais -je pense- pratiquement tout le temps sur l'extérieur, avec des retours plus à droite de temps en temps mais au final, j'ai pas mal zig-zaggé.
- et puis j'espère qu'il n'y aura pas de houle, histoire de mieux voir le paysage... et les bouées ! Car je sais qu'en lac ce point là est acquis.