Matthieu a écrit :Quelques précisions :
- Un 2004, est dans sa première année poussins en France.
- A cet âge-là, s'il est prêt à faire les compétitions, il en fait 8 environ dans l'année. Deux ans plus tard, il peut en faire plus de 12. Un nageur élite adulte n'en fait souvent qu'une dizaine par an mais elles sont plus longues.
- La comparaison des niveaux des nageurs est bien plus difficiles que cela. surtout pour les plus jeunes. 1.En France, il n'y a pas de classement national. 2. A cet âge là, les nageurs évoluent tellement vite qu'une performance réalisée en février n'est même plus comparable avec une performance réalisée en juin. Pour l'instant, je ne vois donc aucun élément qui montre que le niveau à cet âge là soit meilleur ici que là.
- Oui, nous n'avons pas de brasseurs ou de 4 nageurs mais aucune nation de notre taille ne peut être performante dans les 13 épreuves olympiques, sauf éventuellement dans un système organisé centralement.
- la compétition envisagée sous l'angle du classement est une motivation extrinsèque (on est motivé par une conséquence de l'activité et non par l'activité elle-même). A cet âge là, il est important de développer une motivation intrinsèque. Beaucoup d'études suggèrent que la motivation extrinsèque peut venir "tuer" la motivation intrinsèque * donc prudence.
- la nage qu'un jeune nageur de 9 ans doit développer pour être performant tout de suite n'est pas la même que celle qu'il doit commencer à développer pour être performant à 20 ans. Cet écart entre ces deux nages se réduira progressivement au cours des années mais, à 9 ans, nous sommes dans une période d'apprentissage. Je ne pense qu'une performance sur 50 mètres nage libre reflète bien le niveau de l'enfant.
- la performance est complexe. Ce qui nous intéresse en tant qu'entraîneur, c'est le développement des paramètres techniques, mentaux, etc. On aimerait que le classement reflète ces paramètres. Mais la performance, surtout chez le très jeune nageur à court terme, dépend souvent d'autres facteurs : maturité physique, nombre d'entraînement par semaine, conditions d'entraînement (à mon avis en France on pêche surtout par une mauvaise intégration du sportif dans la vie scolaire), etc.
Pour résumer certains de ces points, je ne dis pas qu'il faut préserver les jeunes de la compétition, je dis qu'il faut faire attention qu'elle ne prenne une place trop importante, trop vite dans le discours des adultes parce que, là, ça conduit souvent à des situations douloureuses.
(*) Un auteur donne cet exemple fictif. Des jeunes jouent tout le temps au ballon devant chez lui. Il observe que l'entraînement se fait avec entrain et bonne humeur mais le bruit le dérange. Il décide d'aller les voir, de les complimenter et de leur annoncer qu'il va les payer pour qu'ils continuent à s'entraîner. Chaque semaine, il les récompense ainsi pour leur entraînement. Quelques temps plus tard, il leur annonce que c'est fini, qu'ils peuvent continuer à jouer mais qu'il n'a plus les moyens de les payer. La motivation des jeunes disparait et, les uns après les autres, ils arrêtent de jouer.
Merci Matthieu, ce commentaire me parle beaucoup que ce soit pour le sport .....et pour les autres pans de l'éducation d'un enfant. Je vais le garder bien en tête en tant que papa de 2 crabes de 12 et 7 ans!
cheers