Les Français savent-ils nager?

[aquacole]

Ce n'est peut-être pas à l'école qu'on apprend à nager mais cela peut être une bonne familiarisation.
Mes enfants ont fréquenté des écoles qui ne proposaient pas de séances à la piscine.
Lorsque je les ai inscrits à des cours, ils se sont retrouvés avec des enfants fréquentant d'autres écoles qui, elles en proposaient.
Résultat : les miens ont utilisé la majeure partie de leurs 10 séances à se familiariser avec l'eau alors que les autres ont appris à nager.

[aquarelle]

C'est intéressant la fin de l'article, la piqûre de rappel concernant les noyades.
Et merci pour le lien ajouté pour en discuter sur le forum ! C'est pratique comme ça même longtemps après on peut retrouver facilement la discussion

[RachelEva]

Natation scolaire et natation de club (ou de commune)... difficilement comparable...
En gros : l'école dégrossit et le club forme...

En effet, l'école dégrossit et le club forme des nageurs.

Je suis enseignante en école élémentaire et les programmes de l'éducation nationale ne disent pas qu'un enfant doit apprendre les techniques de natation, ils disent que l'enfant doit être capable d'entrer dans l'eau, se déplacer... Les enseignants ne sont pas des spécialistes des disciplines sportives et fort heureusement, à chacun son métier! En général quand une classe va à la piscine, il y a en tout 30 min dans l'eau et la classe est en 2 ou 3 groupes. Les MNS prennent les enfants ayant des difficultés avec l’élément eau et l'enseignant prend les "nageurs". Pour ma part, je prenais les nageurs et nous faisions des jeux dans l'eau: par 2 il devaient essayer de comprendre un code dit sous l'eau, ou en équipe ils jouaient à un jeu traditionnel de cour avec un ballon (balle au prisonnier ou passe à dix), on faisait des concours de qui reste le plus longtemps possible en étoile... bref, de quoi les faire se déplacer, s'immerger, flotter, etc. Et même si j'aime nager, que j'en ai fait longtemps en club et qu'ado j’entraînais les petits de mon club, en tant qu'enseignante je ne suis pas là pour me substituer aux maîtres nageurs ou coachs sportifs en tout genre. A l'école c'est de l'EPS (éducation physique et sportive) et non du sport.

Par contre c'est vrai qu'en France certaines mairies ne facilitent pas l'accès aux piscines de leur ville. A Montpellier (ville aux mille et une piscines) ce n'est pas le cas et les enfants de grande section jusqu'au CM2 effectuent tous chaque année 10 séances de piscine.

[Matthieu]

Le but de la natation à l'école est bien d'apprendre à nager.

Mais "apprendre à nager" a eu plusieurs définitions au cours du temps. J'avais fait un petit dossier sur l'histoire de l'enseignement de la natation que je résumerais ainsi :

- dans une première période qui va jusqu'à la fin des années 50 environ, cela correspondait à une natation purement sécuritaire (il faut dire qu'avant la deuxième guerre mondiale, on atteignait 3000 décès par an pour les noyades). Cela passait par l'apprentissage de la brasse mais c'était une brasse très éloignée de la brasse sportive. Brasse, nagée tête hors de l'eau, ce qui permettait de garder une "organisation" de terrien (voies aériennes à l'extérieur de l'eau, position un peu debout, propulsion par les membres inférieurs) Voir http://www.natationpourtous.com/espace- ... cole-1.php
On moque souvent cette méthode où les élèves sont suspendus mais, finalement elle a plutôt atteint ses objectifs, surtout si l'on considère que les élèves n'étaient pas du tout familiarisés avant d'arriver à la piscine.

- dans un deuxième temps, on a considéré que le sport à l'école devait être une éducation et non une instruction (c'est là le temps de l'EPS) donc la natation répondait à un but éducatif et devait permettre à chacun de mettre un pied dans la natation sportive. C'est le temps de Raymond Catteau : http://www.natationpourtous.com/espace- ... cole-3.php
Il y a deux changements : d'une part, l'enseignement devient beaucoup plus diversifiés (on fait des coulées, des plongeons, etc.), d'autre part, avec Raymond Catteau, on ne peut jamais considéré qu'un élève "sait nager". Vu qu'on va vers la natation sportive, il n'y a pas de limite. Alors que dans la première période, lorsqu'un élève sait traverser la piscine, on le laisse de côté et on se concentre sur les élèves qui ne le savent pas encore.

- aujourd'hui, c'est un peu le flou (d'ailleurs il manque une page à mon dossier). A l'éducation nationale, je pense qu'on considère à raison que la deuxième période n'a pas atteint ses objectifs. Probablement car, comme beaucoup de matières, ils étaient trop hauts par rapport aux moyens disponibles. On a donc supprimé toutes références aux techniques de nage et à la natation sportive pour fixer des objectifs en termes d'un savoir nager qui permet à l’élève d'être en sécurité dans l'eau : http://www.cavaillon.ien.84.ac-aix-mars ... _tests.pdf
On revient donc à un objectif sécuritaire mais, sans forcément avoir diffusé des méthodes qui permettent d'atteindre cet objectif avec une pédagogie moderne.

[Marion94]

Enseignante également je confirme ce que dit ma collègue: en primaire on ne leur apprend pas à nager mais à se déplacer. Le but est clairement que l'enfant puisse se sauver lui même en cas de chute dans l'eau (le test débute par une chute arrière sans lunettes puis il faut passer sous un tapis, se DEPLACER sur le ventre, faire l'étoile, se déplacer sur le ventre). Mes élèves peuvent le valider en faisant la "nage du petit chien".

Je suis en cm1 (en REP) et beaucoup découvrent l'eau avec l'école et sont terrifiés car deux classes dans l'eau ça fait un bruit montre. Du coup encore en cm1 je suis avec quelques élèves qui ont très peur, certains pas très à l'aise mais qui peuvent faire des exos et le groupe des blns car ils ont pris des cours où vont y jouer régulièrement et sont donc à l'aise bien que non nageurs. Dans ce dernier groupe les MNS de ma commune leur apprennent à nager. Les autres à se déplacer sans paniquer, moi avec les terrifiés je leur apprends juste à se détendre, à prendre plaisir dans l'eau et pour certains c'est compliqué. L'année dernière une élève était terrifié dans la patougeoire à 9 ans... maintenant elle joue dans le petit bain.

[nicolas lequere]

Je ne m'étonne pas mais je trouve dommage que les ouvriers soient moins ouverts au sport, notamment à la natation, que les catégories sociales supérieures notamment les cadres.
Sachant surtout que la natation est un des sport le moins cher à pratiquer.
Etant moi-même ouvrier, je le constate auprès de mes collègues.
Moi, je pratique la randonnée, le running et la natation.

[aquacole]

Sachant surtout que la natation est un des sport le moins cher à pratiquer.

Encore faut-il avoir une piscine à proximité.
Et que cette piscine ait des horaires d'ouverture adaptés.
Peu de villes ont les moyens d'avoir une piscine.
Alors que quasiment toutes ont un terrain de sport.
De plus on peut courir, faire du vélo ou jouer au foot partout, à toute heure.

[nicolas lequere]

Bonsoir à tous, bonsoir aquacole,

Ce que tu dis dans ton message est vrai, cependant, je suis ouvrier dans une usine de tri sélectif à METZ, ville de l'est de la France en moselle, et dans cette ville, il y a trois piscines et après avoir fait le tour de mes collègue de travail qui comme moi, travaille uniquement en poste du matin de 6h 13h, je suis le seul à pratiquer la natation alors que j'ai déjà croisé à la piscine une employée des RH venue avec sa collègue qui elles travaillent aux heures de bureau.

Cordialement,

[japhy]

Ben il y a quand même une composante fréquente dans le travail ouvrier, c'est la pénibilité du travail ! Je ne dis pas que c'est systématique, mais ça n'est pas négligeable lorsqu'on parle de faire un sport à côté.
Mon mari est technicien dans le bâtiment (clim et groupes froids), et il est tout de même physiquement très fatigué le soir. Donc plus il avance en âge (il a 55 ans) plus c'est dur de ressortir le soir faire du sport. Il va en club de nat, et il court tous les dimanche et parfois une autre fois dans la semaine mais souvent il se fait violence pour y aller. Après, il est toujours content quand il y est ou quand il en revient. Et puis porter des charges lourdes toute la journée, c'est bon pour le papillon !
Soyons clair, les cadres peuvent avoir des métiers très stressants mais ce n'est pas exactement la même fatigue ! (j'en sais quelque chose, je suis cadre...).

[aquacole]

Hormis la pratique de compétition, "faire du sport" est un concept assez récent et effectivement plus répandu dans les catégories socialement favorisées.
On prend la voiture pour aller chercher le pain, on prend l'ascenseur pour un étage, on se gare en double file devant le distributeur de billets...et on paie ensuite une fortune pour marcher et pédaler sur place dans une salle de sport, ou faire du vélo dans l'eau.
Les ouvriers font assez d'exercice physique dans leur journée pour ne pas avoir envie de soulever de la fonte le soir.