Hum que de plaisirs en perspective ?
A travers ce sujet je voulais revenir sur les notions de plaisir liées à l'apprentissage de la natation.
A vrai dire c'est la remarque de Matthieu contenue dans un post du sujet ouvert par Nicky "Comprends plus rien" dans l'espace débutant qui me souffle cette discussion.
Je ne sais pas très bien au juste à qui était adressée cette remarque, à Nicky, ou peut-être à moi-même ?Matthieu a écrit :Dans tes différents messages, il faut dire que l'on ne sent pas vraiment le plaisir à être dans l'eau. Vaut-il mieux prendre son temps et prendre plaisir dans son activité ou s'imposer ce qui ressemble peut-être plus des séances de torture (j'exagère probablement mais c'est un peu comme ça que je le ressent) pendant plusieurs semaines.
Quoi qu'il en soit ça n'a pas vraiment d'importance. Il me semble juste qu'il y a là matière à discussion et que ce débat pourrait être riche d'enseignements... en tout cas pour moi !
Je ne remets pas en cause le fait que l'apprentissage par le plaisir est primordial quand comme Nicky ou d'autres on a à se battre avant tout contre des sentiments de peur et des craintes irraisonnées. Il paraît maintenant tout à fait évident qu'avant toute chose prendre du plaisir à être dans l'eau est la meilleure façon de réussir à dominer ses peurs.
Mais quand on n'est pas aquaphobe ou quand on ne l'est plus, progresser dans ce sport, comme dans n'importe quel autre sport ou activité d'ailleurs, n'implique-t-il pas obligatoirement certaines notions d'efforts à fournir, qui, même sans aller jusqu'à la douleur ou la torture, n'en sont pas moins tout sauf plaisantes ?
A contrario si vous me dites que malgré tout on peut progresser à quelque niveau que ce soit en se faisant plaisir... Alors là, je veux tout savoir parce que vu comme ça, ça me semble miraculeux !
Personnellement et pour ceux qui ne connaissent pas mon parcours, je me suis mis à la natation il y a 2 ans maintenant, 2 années scolaires durant lesquelles j'ai pris des leçons avec un moniteur particulier à raison d'une séance par semaine. Quand j'ai commencé je ne savais pas nager, enfin j'étais juste capable de nageoter quelques minutes une brasse tête hors de l'eau, ce qui en soi, compte tenu du parcours de certains, est quand même quelque chose. Même si je n'étais pas particulièrement à l'aise dans l'eau je n'en ai jamais eu peur, pas peur de me retourner ni de mettre la tête sous l'eau... Je trouvais ça juste particulièrement désagréable.
Quand j'ai commencé donc c'est directement par l'apprentissage du crawl et tous les éducatifs qui l'accompagnent, avec, d'emblée, la mise en place d'une respiration sur 3 temps.
Pendant un trimestre au moins il faut quand même dire que j'ai ressenti ces séances comme étant vraiment difficiles, voire pénibles, limite cauchemardesques. Cette oppression, cette asphyxie étaient difficilement supportables. Et si je ne m'étais pas juré d'aller jusqu'au bout, je crois bien que j'aurais pu très vite abandonner.
Alors du plaisir là-dedans, j'ai beau creuser mes souvenirs, il ne me semble vraiment pas avoir ressenti quelque sentiment de cet ordre. J'allais toujours à la piscine un peu stressé, me forçant parce que je m'y étais engagé, rempli d'abnégation.
Du plaisir c'est à posteriori que j'en avais une fois le cours passé. J'étais content des efforts que j'avais produits, j'étais content de la fatigue que je ressentais. Mais dans l'eau pas de plaisir particulier... sauf peut-être quelques longueurs de battements sur le dos avec une planche qui pour le coup me décontractaient bien. Mis à part ça... rien ?!?
Ce n'est que quand mon moniteur me demanda de nager 400m que je commençais à me sentir bien sur 50m... c'est à dire au bout de facilement 6 mois ! Là sur ces premiers 50m j'ai commencé à ressentir quelques sensations de "glisse" où presque si je m'étais arrêté là j'aurais pu dire : "Qu'il est agréable de nager..." Mais quand derrière il vous reste 350m à tirer et que déjà vous vous sentez le souffle court à la 3ème longueur, ce petit plaisir s'en trouve alors vite effacé.
Néanmoins aujourd'hui quand je tire le bilan de tout cela, quand je vois ce que j'ai enfanté dans la douleur sans guère de plaisir donc, je suis plutôt satisfait car les résultats sont au-dessus de mes espérances. Même si tous les cours ont été rien moins que difficiles, je n'imaginais pas à mes débuts pouvoir nager le papillon. Ce n'était qu'alors un doux rêve inaccessible.
Bon d'accord même si je peux nager les 4 nages, en terme de performance ce n’est sûrement pas brillant, néanmoins ça fait quand même bien illusion.
Aujourd'hui du plaisir j'en ai... A la piscine pas des masses certes, vu que de toute façon les séances que ce soit en cours individuel ou en cours collectifs me paraissent quand même assez costaudes, il y a toujours à un moment ou à un autre un gros effort à fournir. A la mer, cet été, par contre j'ai eu beaucoup de plaisir à me laisser flotter et nager la tête dans l'eau pour explorer un monde qui jusqu'à maintenant m'avait toujours été étranger... Les rochers, les algues, les petits poissons... ce spectacle à seulement une petite dizaine de mètres du rivage était magique. Là vraiment j'ai pris mon pied, sans avoir pied, à être dans l'eau et à explorer cet univers jusqu'alors inconnu. Là j'ai pu nager sans effort aucun, très doucement, en prenant mon souffle régulièrement, sans avoir à lutter contre quoi que ce soit.
Mais c'était de la détente...
A la piscine... Même si la pratique que j'en fais n'est pas orientée vers la performance et le résultat, il n'y en a pas moins des objectifs à remplir, qu'ils soient personnels ou dictés par un moniteur... et ces objectifs passent forcément, me semble-t-il, par des efforts à fournir qui restent quand même des déplaisirs à surmonter.
Alors après tout ce laïus mes questions étaient les suivantes :
Pensez-vous que tout progrès passe nécessairement par la douleur dans l'effort ?
Pensez-vous aussi que l'effort, aussi douloureux soit-il, puisse engendrer du plaisir ?
Moi naïvement j'ai toujours cru que souffrir et lutter pour nager était une caractéristique de ce sport. C'était comme ça. Nager c'est souffrir, alors puisque je voulais nager, il me fallait souffrir sans me plaindre... Je pensais que peut-être la pratique de la natation était plus difficile que la pratique d'autres activités et qu'en conséquence elle nécessitait plus de sacrifice, plus d'effort à fournir et plus d'abnégation du fait même qu'elle se pratique dans un milieu clos où tous nos repères habituels sont balayés. En même temps je me disais que ce n'était pas grand chose en comparaison de ce que ça allait m'apporter... Apprendre à nager c'est un peu apprendre à voler !
Mais à la lumière de certains sujets du forum, il semblerait peut-être que je me trompe, que d'emblée je me sois fait une fausse idée de cette activité... ce qui en soi serait plutôt une bonne nouvelle !
Et que peut-être il y a encore bien des plaisirs dont je me sois privé...
Nager sans plaisir n'a jamais été un déplaisir...
Nager avec plaisir pourrait-être... J'ose même pas imaginer !