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Interview de David Smetanine

le nageur david smetanine

A 33 ans, David Smetanine est sans conteste le nageur qui a marqué les jeux paralympiques de Pékin. Tétraplégique partiel suite à un accident de voiture à 21 ans, il a poursuivi la natation qu'il pratiquait déjà auparavant. Le travail à l'entraînement a ensuite progressivement porté ses fruits et lui a permis de gravir petit à petit les échelons de la hiérarchie mondiale. Après une médaille de bronze à Athènes en 2004 et deux deuxièmes places aux championnats du monde de Durban en 2006, c'est la consécration à Pékin où il remporte 4 médailles dont deux en or et deux en argent. Malgré de nombreuses sollicitations médiatiques, il a accepté avec beaucoup de disponibilité de répondre à nos questions.


Comment vous étiez-vous entraîné pour les jeux paralympiques? Par rapport à votre handicap, a quelles adaptations devez-vous procéder dans votre entraînement?

Je nage au club de Sassenage Seyssinet (Nat2S), je m'y entraîne 6 jours sur 7, une à deux fois par jour selon les périodes. Cet entraînement s'effectue avec le groupe des valides car tout seul il ne serait pas possible d'arriver à ce niveau. En compensation de ce 2ème moteur que sont les jambes pour les valides, je fais un gros travail de renforcement musculaire en m'entraînant avec des plaquettes par exemple, cela permet de gagner en puissance ce qui est très important.

Vous avez également choisi de nager beaucoup de courses pendant les compétitions comme les championnats de France, cela vous a servi à Pékin?

Oui bien sur, c'est un travail spécifique et il faut s'habituer à se concentrer rapidement et pour de nombreuses courses différentes représentant différents types d'effort (la vitesse, l'endurance ou le demi-fond). Cela permet également de s'habituer à s'échauffer et à récupérer plusieurs fois dans la même journée et puis quand il n'y a plus qu'une ou deux courses par jour ça devient plus facile !

Comment avez-vous géré la pression liée à une compétition de cette importance?

Au départ je me suis vraiment mis dans une bulle, j'ai fait le choix par exemple de ne pas participer à la cérémonie d'ouverture parce que j'avais ma première course le lendemain matin et que je voulais y arriver serein. L'échauffement était un moment important, je l'ai toujours fait au cube mais au bassin d'échauffement (et non pas au bassin de course) pour pouvoir me concentrer jusqu'au dernier moment. Ainsi je n'ai pas été trop perturbé par le monde et l'ambiance et j'ai éprouvé uniquement de la motivation pour la course et non de la crispation ou des craintes.

Le but est aussi de nager vite le matin en séries pour avoir le meilleur temps possible. Ca me donne de bonnes bases pour les finales où j'essaie ensuite de recalquer avec un peu plus d'énergie et de vitesse ce que j'ai fait le matin. Et puis ça donne un avantage psychologique par rapport aux adversaires qui sont 2ème ou 3ème. Lors de ma toute première série j'ai ainsi nagé mon 100 mètres 2 secondes plus vite que mes adversaires, cela m'a vraiment mis en confiance, je me suis dit que comme celui-là s'était bien passé, il n'y avait pas de raison que derrière ça se passe mal.

Vous vous sentiez prêt avant d'arriver aux jeux?

J'étais très déterminé et très motivé. J'étais juste un peu inquiet parce qu'il y avait beaucoup de fatigue, la saison avait été longue, la retombée du voyage était également assez accablante mais je suis ensuite progressivement monté en puissance et je me sentais vraiment bien. Je savais comment y arriver : il fallait encore mettre en pratique mais je connaissais tous les éléments pour arriver à ces performances. Ensuite, c'est toute une dynamique morale et physique qu'il faut mettre en place pour pouvoir être stable dans sa tête et faire ce que l'on sait faire mais j'avais tout de mon côté pour être bien.

Votre objectif sera maintenant de défendre votre rang?

Oui parce que quand on arrive à la place de 3ème ou de 2ème c'est génial mais quand on passe à la 1ère c'est magique, c'est vraiment particulier. On est le numéro 1 mondial, on a le 1er temps et c'est une grande différence par rapport aux 2ème et 3ème places. Donc quand on a un titre il faut le préserver. Et puis c'est tellement agréable d'être le dernier à monter sur un podium, ça donne envie de s'entraîner dur, de se donner des garanties.

Vous avez été élu au sein de l'IPC (comité international paralympique, équivalent du CIO pour les valides), quels seront vos projets?

Je vais soutenir le mouvement, essayer de le rendre de plus en plus crédible. C'est aussi une façon d'être intégré aux processus de décisions du sport en général et donc d'être plus utile encore. Il faudrait faire en sorte par exemple que le CIO et l'IPC soient plus fermes et qu'ils soient capables de s'imposer face au pays organisateur ce qui n'a pas forcément été le cas à Pékin où tout était verrouillé par l'armée. Il fallait être sur-accrédité pour passer à un endroit et encore parfois ça ne suffisait même pas. Mon élection peut servir aussi à ça, quand l'IPC se déplace, il doit être respecté et l'on doit bien comprendre qu'il est avec le pays hôte et non pas contre lui.

Vous avez battu à Pékin le record du monde du 50 mètres nage libre. La plupart des épreuves ont ainsi vu leurs records tomber, comment interprétez-vous cette progression des records?

Le niveau en général monte, les athlètes nagent beaucoup. Dans les clubs on s'entraîne en même temps que les valides, aux mêmes horaires et avec la même quantité d'entraînement. En natation c'est important car il faut construire des bases d'endurance, de vitesse et de résistance. La motivation d'une compétition comme les jeux et l'évolution du matériel jouent également. Et puis, en France, quand on croise Fred (Frédérick BOUSQUET) ou Alain (BERNARD) ou Hugues (DUBOSCQ) en compétition ça motive, il y a une motivation interne qui est fantastique, ils viennent voir comment ça se passe pour moi, nous on est motivés parce qu'on a envie de faire comme eux, c'est une adrénaline qui est commune.

Comment jugez-vous la médiatisation relativement faible de ces jeux paralympiques?

Moi, j'ai eu la chance d'être médiatisé étant donné que j'ai eu la première médaille de l'équipe de France qui était en plus une médaille d'or et puis parce que j'ai eu un beau parcours avec 4 médailles ce qui est le plus beau palmarès de la délégation. Les médias radios et presses sont de plus en plus nombreux, je suis par exemple dans le magazine vsd ce qui était impensable il y a quelques années. Il y a cependant encore un manque de la part de la télévision : il y a eu quelques plateaux télés en rentrant mais peu de directs pendant les jeux. Cela dit, il y a eu un gros boum avec Pékin et je pense que pour les jeux paralympiques de Londres nous aurons autant de médias que les valides. Si ce n'était pas le cas ce serait un drame, je pèse mes mots mais comme en plus ce sera en Europe, j'y crois vraiment.

Cette médiatisation vous donne un rôle de porte-parole…

Tout à fait et je peux l'assumer de plusieurs façons. La natation est un sport où on s'entraîne dur tous les jours, elle a besoin de moyens techniques et financiers. Mes médailles, mes podiums sont personnels je les ai faits pour moi mais ils peuvent aussi permettre d'avoir plus de moyens. Certains ont déjà été mis en place, on a enfin un entraîneur officiel national par exemple qui s'occupe également de la détection, j'espère que mes médailles nous aideront à continuer dans ce sens-là. Nous étions 12 nageurs à Pékin, le nombre de places aux jeux étant déterminé par les rankings, il faut qu'après les championnats du monde il y ait le maximum de nageurs dans le top 10 ou le top 15. J'espère qu'avec ces nouveaux moyens, nous serons 15, 16 voire 20 à Londres.

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